Toni, en famille

À un moment où les adolescents choisissent leur voie, les projecteurs sont braqués sur une mère qui reste tandis que ses enfants partent. Délicatesse de raconter comment évoluer sans quitter le foyer et les difficultés à affronter lorsque d’autres comptent sur vous.

Antonia Garcia, dite Toni, aimerait reprendre ses études, devenir professeure. Seulement elle a cinq enfants à charge, 42 ans, et aucun parcours professionnel. Ancienne enfant-star dont la popularité a rapidement décliné, cette mère de famille se retrouve plongée dans l’univers du travail qu’elle ne connaît pas et dont les attentes sont abstraites.

Toni en famille raconte alors cette quête de soi individuelle imbriquée dans une histoire collective, celle de la famille de Toni, réunissant ainsi quantité de dynamiques différentes. En effet, si Camille Cottin possède le rôle principal, elle partage l’écran avec les cinq enfants de son personnage, chacun ayant une personnalité bien particulière. Ces protagonistes nombreux permettent au film d’aborder plusieurs problématiques liées, notamment, à l’adolescence telles que l’appartenance au groupe LGBTQIA+, la concurrence dans le milieu artistique ou le mal-être incommunicable aux adultes. Difficulté donc pour chacun de trouver sa place au sein de la famille, en dehors de celle-ci et même à travers elle. De fait, Toni est mise en résonance avec sa mère, qui l’a poussée plus jeune dans une carrière de star dont elle ne voulait pas forcément. De peur de reproduire ces pressions avec sa fille aînée, elle évite et s’empêche de l’encourager dans ses projets de danse.

Si le film réussit à se démarquer de la production des comédies dramatiques typiquement françaises par des choix esthétiques séduisants, il est regrettable que l’image semble toujours en deçà du récit. Plutôt que nourrir le propos, la mise en scène sert en effet surtout à illustrer ce dernier, sans plus. En outre, bien que l’histoire ait une structure fluide et solide, certaines facilités scénaristiques (son mari est mort, sa mère est moqueuse, ses amis inexistants, ce qui renforce jusqu’à l’exagération l’isolement de Toni) privent les personnages d’une résonance au-delà du scénario. Pari risqué de proposer l’histoire de six personnages différents sans en laisser aucun à l’état d’ébauche, le film de Nathan Ambrosioni parvient à tirer durant une heure trente un tableau touchant de cette famille atypique. Cependant, si le récit du grand gagnant du «Film de Demain 2023» est crédible à l’écran, les personnages cessent d’exister dès l’apparition du générique.