Les ombres persanes/Subtraction

Affiche Les ombres persanes/Subtraction
Réalisé par Mani Haghighi
Titre original Tafrigh
Pays de production IRAN
Année 2022
Durée
Musique Ramin Kousha
Genre Drame
Distributeur trigon-film
Acteurs Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh, Esmail Poor-Reza, Farham Azizi
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 906

Critique

Alors que celles et ceux qui le font se voient emprisonné.e.s, le septième art iranien continue de déferler sur nos écrans dévoilant de plus en plus sa fougue et sa richesse. Sous sa forme de thriller noir teinté de science-fiction, Subtraction ne déroge pas à la règle.

Si le cinéma persan est bien souvent caractérisé par un réalisme social assumé, le nombre grandissant de films qui s’exportent permet de se détacher de cette image d’Épinal. Le récent Chevalier noir (Emad Aleebrahim Dehkordi) ou encore les flamboyants longs métrages de Saeed Roustayi - même s’ils sont indissociables du contexte politique de leur pays d’origine - sont parmi ceux qui témoignent d’une belle diversité. Subtraction, dernier film en date de Mani Haghighi, rejoint cette liste en proposant une expérience mélangeant les genres autour du motif du double.

Farzaneh (Taraneh Alidoosti), instructrice d’auto-école, est coincée dans les bouchons avec l’une de ses élèves. Sous une pluie battante (qui ne s’arrêtera quasiment jamais), elle aperçoit un homme monter dans un bus. Reconnaissant son mari Jalal (Navid Mohammadzadeh), elle le suit et découvre qu’il se rend chez une inconnue. Enceinte et dépressive, c’est le coup de massue pour la future maman. Mais ce qui semble être une banale histoire d’adultère (et dans la lignée du cinéma social déjà évoqué) est en fait bien plus complexe. Lorsque le couple mène l’enquête, ils tombent nez à nez avec Bita et Mohsen, une femme et son époux leur ressemblant comme deux gouttes d’eau.

Né d’une expérience troublante du réalisateur (la découverte de la photo d’un homme lui étant similaire en tous points), Subtraction s’inspire du film de sosies tout en parvenant à injecter de l’originalité à ce genre maintes fois exploité. En confrontant deux paires de doubles et démultipliant le procédé, Mani Haghighi aborde le rapport à l’autre et imagine une vie parallèle à ses personnages, relative à leurs choix, leurs regrets et les nouvelles attirances issues d’une telle situation. Car les réalités des deux couples, contrairement à leur apparence, sont radicalement différentes. Bita et Moshen sont aisés et ont un fils, quand Farzaneh et Jalal attendent leur premier enfant avec fébrilité tant leur condition est précaire (en atteste leur appartement, ruisselant de toute part à cause de la pluie, encore elle). Ainsi, chacune et chacun va se projeter dans une existence qui aurait été possible, un jeu de dupes brouillant les pistes et qui entraînera autant de haine que d’amour.

Pour finir, notons que les paires de sosies sont campées par les mêmes interprètes. Un choix qui ajoute au trouble et est parfaitement incarné, tout en finesse et subtilité. Dès lors, les rencontres entre les quatre protagonistes sont d’autant plus d’occasions de scènes fortes comme cette première confrontation saisissante entre Jalal et Bita jouant avec la lumière sur minuterie d’une cage d’escalier. Ou encore ce final glaçant que, bien évidemment, nous tairons et vous laisserons découvrir en salle, au plus vite.


Marvin Ancian

Appréciations

Nom Notes
Marvin Ancian 16