Super-bourrés

Affiche Super-bourrés
Réalisé par Bastien Milheau
Titre original Super-bourrés
Pays de production France
Année 2023
Durée
Musique Alexis Rault
Genre Comédie
Distributeur Sister Distributions
Acteurs Barbara Schulz, Vincent Moscato, Pierre Gommé, Nina Poletto
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 906

Critique

C'est la rentrée après la pause estivale. On se réjouit de retourner au cinéma pour découvrir les sorties, on y va d'un pas alerte et enthousiaste. Et on tombe sur Super-bourrés. Certes, le titre était de nature à atténuer les espérances, mais les bons films avec un mauvais titre, heureusement, ça existe... ça aurait pu exister.


Bon, sans doute est-ce nous qui n'avons rien compris, en voyant plusieurs critiques françaises parlant de "bonne surprise" et de comédie décalée. "Décalée", le mot magique, mais qui n'est pas toujours, pas forcément, synonyme de qualité. Encore faut-il avoir le sens du décalage. Rien ne fonctionne, rien n'est novateur, rien ne fait sourire, c'est spectaculaire.


Déjà, nous serions citoyens ou élus du département du Gers, nous porterions plainte contre les auteurs. Les autochtones, quel que soit leur âge, sont tous exclusivement préoccupés par l'alcool, soit pour l'interdire soit surtout pour avoir la liberté d'en boire à volonté. La Maire du village inaugure un château d'eau, tout ce qui intéresse ses administrés est de pouvoir conduire bourrés sans contrôles et sans amendes. Il faudrait également supprimer les platanes au bord des routes, car ils sont dangereux pour qui conduit en état d'ivresse. Cela concerne aussi les jeunes, les héros du film étant deux ados qui doivent trouver, en un temps record, un maximum de gnôle afin d'alimenter une soirée avec leurs potes. Pour cela, avec l'aide bienveillante du grand-père, ils réveilleront un vieil alambic dormant dans une remise depuis des lustres.


Le réalisateur, également scénariste, confie avoir eu l'idée de départ en se remémorant des anecdotes et des discours de son enfance rurale. Pourquoi pas. Mais même sans avoir voulu faire un film "à message" destiné à la jeunesse, il n'y a mis aucune distance, aucun point de vue, ni même un microscopique discours de prévention ou de mise en garde pour les ados auxquels le film est destiné. Ses deux héros sont des crétins (la fille un peu moins que le garçon lymphatique tout de même) sympathiques, sans toutefois nous arracher le sentiment d'être concernés par leurs déboires. Au lieu d'être innovant ou réellement incisif, le scénario tartine dans le déjà-vu sur les discours pathétiques du père de l'une et les sex-toys de la mère de l'autre. Pour être parfaitement honnête, il y a bien une idée marrante dans le dernier quart d'heure, mais trop fugace et tardive pour relever le niveau abyssal.


Est-ce pour provoquer intérêt et surprise que le réalisateur a engagé, dans le rôle du grand-père, le politicien Jean Lassalle (celui dont l'humoriste Philippe Caverivière disait qu'il ne savait pas parler le russe mais qu'il parlait très bien la vodka) ? En tous cas, en voyant ce film, on en vient à regretter les temps où le cinéma était bigger than (ou tout au moins equal to) life. On regrette aussi certains navets passés et on se dit que dans Le Gendarme et les extra-terrestres, après tout, y avait un souffle.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 2
Anthony Bekirov 3