Elémentaire

Elemental avait été projeté à Cannes 2023 où, malgré une standing ovation, il avait été démonté par les critiques. Vendu comme la première comédie romantique des studios Pixar, le film rate en effet presque toutes les cibles.

Elemental est le 27ème film des studios Pixar, et propose une toute nouvelle propriété intellectuelle. Comme son nom l'indique, nous y suivons des "éléments" (eau, air, feu, terre) anthropomorphes dans la ville de Element City. Bernie et Cinder Lumen (de l'élément feu) y emménagent pour y ouvrir une droguerie, avec leur fille Ember. Mais la tuyauterie vétuste du bâtiment attire l'attention de l'inspecteur de la voirie Wade (élément eau). Évidemment, c'est l'amour au premier regard malgré leur différence "élémentaire". Pourront-ils convaincre de leur union la société d'Element City, qui ne tolère pas la mixité ?

Pixar a aidé à donner en Occident ses lettres de noblesse à l'animation de synthèse. Leur génie était de créer des œuvres appréciables par le jeune public et par leurs parents. Depuis Lightyear, leur précédent opus, le studio a changé de stratégie. Il essaie de faire des films d'adultes que des enfants pourraient éventuellement voir. Ainsi, Elemental est vendu comme la première comédie romantique de Pixar, avec un discours, très USA-centré, sur la "race".

Mais tout sonne faux car Peter Sohn s'inspire des codes les plus niais du genre. Le propos sur la mixité raciale est amené comme un cheveu sur la soupe : pourquoi les feux sont-ils ostracisés par exemple ? On ne le saura jamais. Les designs sont génériques, plats. La seule qualité est technique : les animateurs ont réalisé des prouesses de simulation de fluides et de textures. En cela, le film pourrait servir de référence pour de futurs dessinateurs digitaux.

Et souvenons-nous surtout que Wall-E était déjà une comédie romantique qui abordait subtilement les discours sinon de race en tout cas de classe. L'histoire de ce petit robot crasseux et anguleux qui tombait amoureux d'une robote arrondie et reluisante, EVE, parvenait à émouvoir car elle était universelle. Elemental essaie désespérément de singer ces gloires passées et provoque une émotion jusqu'alors inimaginable pour une production Pixar : la gêne.