Sisu – De l’or et du sang

Affiche Sisu – De l’or et du sang
Réalisé par Jalmari Helander
Titre original Sisu
Pays de production Finlande
Année 2023
Durée
Musique Tuomas Wäinolä, Juri Seppä
Genre Action
Distributeur Praesens
Acteurs Aksel Hennie, Jorma Tommila, Onni Tommila, Mimosa Willamo
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 902

Critique

Chantant les exploits de celui que les Finlandais surnomment « L’Immortel », ancien soldat reconverti chercheur - et trouveur - d’or, qui tue par sa bravoure solitaire du nazi féroce, Sisu se place sous l’égide du mythe. Pour notre plus grand déplaisir.

Car s’il postule narrativement des événements qui ont bel et bien existé, éminemment politiques – la présence militaire des nazis en Finlande -, le film les transfère d’emblée dans l’univers codé et verrouillé de la légende. Le réel se voit alors remplacé par son simulacre mythologique. Notre protagoniste a tout d’une réminiscence de la figure du western type Clint Eastwood : c’est une sorte de cow-boy solitaire d’un mutisme implacable - ses seules paroles interviennent à la toute dernière scène du film. Cela dit, là où Clint était en réalité un anti-héros chez Sergio Leone, Aatami (Jorma Tommila) – car c’est son nom – fait figure ici de véritable héros de la Nation finlandaise, le pourfendeur de méchants nazis, qui avait déjà pourfendu ces méprisables bolchéviques.

Le film est dès lors condamné à être d’une binarité totale dans ses représentations. Nous repassons par des clichés ressassés, qui ont néanmoins le mérite d’être totalement assumés. Sisu ne fait en effet pas mystère de son absence totale de « propos » et de sa construction archétypale. Nous saluons l’honnêteté. Nous aurions pu même aimer ce cinéma fait de pures actions – nous avions adoré Mad Max Fury Road – et d’héroïsme. En bref, nous aurions pu aimer cette Chanson de Geste. Malheureusement, Jalmari Helander ne possède manifestement pas une assez grande créativité formelle pour être à la hauteur de son ambition…

Sa principale faiblesse réside dans ce rythme effréné qui ne prend jamais le temps de véritablement poser une scène et nous permettre de la contempler. Tout va trop vite. Les scènes d’actions sont précipitées, et leur montage épileptique,. Il y a énormément d’événements de même type qui se déroulent en très peu de temps - le film aurait sans doute gagné à être rallongé d’une petite demi-heure -, ce qui donne l’impression d’un film finalement très répétitif, peu inspiré et balourd. Pour ne rien arranger, tout ceci est nappé par des effets sonores qui n’ont d’autre but que de sidérer le spectateur.

Sisu accomplit donc le « devenir-bourrin » du cinéma d’action, qui constitue l’un des écueils majeurs dans lequel peut tomber ce genre - qu’on aime pourtant tant -, lorsqu’il cherche plus la consommation d’images toutes faites que la véritable expérimentation sensorielle et formelle.

Tobias Sarrasin

Appréciations

Nom Notes
Tobias Sarrasin 7