Vers un avenir radieux

Affiche Vers un avenir radieux
Réalisé par Nanni Moretti
Titre original Il sol dell'avvenire
Pays de production France, Italie
Année 2023
Durée
Musique Franco Piersanti
Genre Comédie dramatique
Distributeur Xenix
Acteurs Mathieu Amalric, Margherita Buy, Nanni Moretti, Barbora Bobulova, Valentina Romani
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 902

Critique

Avec Vers un avenir radieux, présenté cette année en compétition officielle à Cannes, Nanni Moretti nous donne une leçon de cinéma. Au sens propre.

 

Incarnant lui-même le rôle de Giovanni, un cinéaste en pleine réalisation de son nouveau film, Moretti assume la portée métafictionnelle de son œuvre. Le vertige de Vers un Avenir Radieux réside dès lors dans le mélange qu’il opère de plusieurs strates narratives, l’espace fictionnel du « film dans le film » se situant dans la continuité de l’espace « réel », biographique, dans lequel Giovanni se meut. C’est dans l’interaction entre ces deux espaces que se situe la promesse du film, laquelle est la plupart du temps tenue. Par exemple, les problèmes de couple de Giovanni se répercutent dans sa fiction et, de la même manière, son réel est constamment infléchi par le fantasme et le registre symbolique. À cette dialectique fiction-réel que travaille le film s’additionnent des images purement mentales et oniriques, qui l’épaississent d’une couche de complexité supplémentaire. Ce continuum réel-fiction-monde mental fonde la beauté de Vers un Avenir Radieux.

Cependant, Moretti échoue à pleinement nous convaincre car cette promesse n’est pas totalement tenue, la faute à une tendance à saboter les principes formels disposés. En effet, alors qu’il créait pendant un bon moment la contiguïté réel-fiction, leur mise à un même niveau – aucune strate ne dominant sur l’autre -, le film rompt avec cela en ressaisissant la fiction par une parole surplombante et didactique. Cela se voit particulièrement dans une scène de tournage du « film dans le film », qui discrimine, par la figure du champs-contre/champs, l’espace « fictionnel » du cadre de celui « réel » du hors-cadre. Nous voyons en effet pour la première – jusqu’alors cela n’était pas le cas – Giovanni diriger les acteurs et leur donner des conseils. La scène devient dès lors discursive. Banalement discursive. Moretti, par l’intermédiaire de son alter ego, en profite pour délivrer ses axiomes cinématographiques, donnant à son œuvre des atours de manifeste. Des scènes de ce type se répètent à quelques reprises dans le film. Elles en sont les plus faibles puisqu’elles se proposent de l’élucider, d’en faire un objet plus théorique que sensoriel.

Il y a bien sûr une certaine émotion à voir ce « taulier » du cinéma italien créer cette œuvre autoréflexive sinon testamentaire, qui acte la mort d’un certain cinéma d’auteur perdu, phagocyté par les plateformes – il y a une scène dans laquelle Giovanni fait explicitement la guerre à Netflix -, tout en proposant un « message » plutôt optimiste comme l’atteste le titre du film. Mais tout ceci fonde également la lacune du métrage, lequel s’embourbe dans un didactisme dommageable.

Tobias Sarrasin

Appréciations

Nom Notes
Tobias Sarrasin 12
Noémie Baume 15
Pierig Leray 16