We Are Coming - Chronique d’une révolution féministe

Nina Faure nous embarque dans son parcours réflexif féministe des 10 dernières années grâce à des images d’archives personnelles et plusieurs interviews de femmes engagées.

La scène d’ouverture nous ramène en 2010. Dans une cuisine, Nina et ses amies improvisent une chanson contre celles et ceux qui s’opposent à l’avortement : « Si l’avortement est un crime, la masturbation est un génocide ! ». La documentariste n’en est pas à son premier film engagé, elle s’est notamment fait connaître avec son documentaire sur les violences gynécologiques Paye (pas) ton gynéco en 2018.

Dans WE ARE COMING - Chronique d’une révolution féministe, Nina Faure se demande « Pourquoi les femmes jouissent-elles moins que les hommes ? ». Ses recherches concluent en effet que seules 50% des femmes ont un orgasme lors d’un rapport hétérosexuel, contre 90% des hommes, alors que presque la totalité des femmes atteint l’orgasme lors de rapports sexuels avec d’autres femmes.

Ce qui semble être la question centrale du documentaire, le plaisir féminin, laisse rapidement la place, ainsi que suggéré par le titre du documentaire, à réflexion plus large. « We are coming », qui peut se traduire en français par « nous jouissons » comme par « nous arrivons » annonce la transformation de cette question de départ en engagement militant.

« We are coming - Chronique d’une révolution féministe » est avant tout un carnet de bord intimiste dont la trame narrative se construit autour des questionnements de Nina, Yéléna et leurs amies sur une période de 10 ans. Le récit, bien que chronologique, est improvisé autour des réflexions évolutives de ses protagonistes. Leur quête initiale sur le plaisir féminin les amènera finalement à développer des réflexions autour de la place de la femme dans la société. Ce récit se construit autour d’échanges avec d’autres femmes, de lectures et de diverses interviews avec des sociologues, des enseignantes et des éducatrices.

La réalisatrice adopte une approche plutôt subjective, en nous invitant à partager les émotions et les questionnements des protagonistes au moyen d’une caméra embarquée. Elle ne cherche pas à vulgariser la thématique pour un public non averti, mais plutôt à susciter des souvenirs et à renforcer les prises de conscience des spectatrices et spectateurs qui partagent les préoccupations politiques du film. Bien que ce film ne se conforme pas aux attentes habituelles du format documentaire en termes de récit didactique et que la trame narrative improvisée rend le rythme du récit un peu difficile, le film offre néanmoins un survol historique intéressant des événements clés de la dernière décennie, qui ont contribué à une prise de conscience croissante des inégalités de genre.

Charlotte Gaeng