Fire of Love

Affiche Fire of Love
Réalisé par Sara Dosa
Titre original Fire of Love
Pays de production USA, Canada
Année 2022
Durée
Musique Patrice LeBlanc
Genre Documentaire
Distributeur City-Club de Pully
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 901

Critique

Si la maison représente le foyer de tout modèle familial traditionnel, c’est dans le foyer des volcans que les Krafft construisent la leur, vivant un amour platonique avec l’éternel feu de l’humanité.

 

Pendant 25 ans, Katia & Maurice Krafft ont sillonné le globe pour comprendre les mystères de la lave en fusion. Pionniers de la volcanologie, discipline encore émergente dans les années 70, les deux scientifiques français respectivement chimiste et géologue se font surnommés « Volcano Devils » par la communauté des spécialistes – très certainement grâce à leur forte appétence pour les explosions volcaniques et leur goût du risque à tout épreuve. Une passion dévorante et dévorée puisque toute leur vie durant, le couple bricolera des dispositifs de fortune pour franchir monts et terrains escarpés, lacs d’acide et merveilles terrestres pour assister au jaillissement des entrailles de notre planète. Ils sont dopés à l’adrénaline que leur procure leur dévotion sans limites à comprendre l’un des phénomènes les plus catalytiques de l’histoire, contribuant sous de multiples aspects au changement climatique, écologique ainsi qu’au bouleversement des sociétés humaines. Sur les 600 volcans encore présents sur terre, le couple en aura exploré 175 sur toute leur carrière soit 8 par an avec toujours un enthousiasme enfantin. Leurs outils de recherche de prédilection ? Le film et la photographie avec pour toile de fond la surface qui s’agite, afin de saisir l’infinie réalité dépassant l’entendement classique où le minéral prend vie, où l’humain s’efface au profit du géant ordre tellurique.


Des danses de joies en tenue de travail aux allures futuristes, parés aux conditions extrêmes sur le seuil de cratères en effervescence, aux rencontres singulières à l’étude de l’infiniment organique, ils réalisent sur pellicules l’inconscience d’une matière se transformant sans cesse. C’est de toute cette richesse dont témoigne le travail des deux protagonistes, amoureux-savants-cinéastes. Dédiant leur vie commune à l’incandescence du progrès, capturant l’ardeur d’une brûlante fascination pour cette terre « vivante » sur leurs films 16 ou 35mm destinés à étudier les forces incontrôlables qui détruisent les espèces pour mieux les nourrir, le périple des Krafft se terminera soufflée par une coulée de gaz toxiques sur les pentes japonaises du Mont Uzen le 3 juin 1991. Laissant derrière eux un patrimoine iconographique conséquent : plus de 300 000 photos, 300 heures de films, aussi incarnées par leurs présences publiques. Figures médiatiques populaires en leurs temps témoignées par de nombreux passages télévisés, les deux têtes brûlées œuvraient constamment pour la démocratisation du savoir volcanologique ainsi que pour la sensibilisation de l’opinion publique. Leurs films ont de fait eu un impact significatif auprès des autorités pour comprendre et protéger les populations environnantes.


C’est à partir de ce matériel que la réalisatrice américaine Sara Dosa construit « Fire of Love » sous une approche plus sentimentale que purement didactique, car ce qui a sans doute permis à cette aventure d’être aussi fantastique, c’est assurément la relation de couple introvertie, discrète, nourrissant leur enthousiaste et singulière passion commune pour les volcans, avec pour seul impératif : le besoin d’être lié à l’autre. La magie de ce documentaire résolument sensationnel réside dans une double parole. La première, indirecte puisque visuelle, est l’utilisation des archives des Krafft en constante réflexion avec la puissance des éléments. La seconde, directe puisqu’incarnée par la narration en voix off qui narre une épopée dont aucun témoignage contemporain n’est présenté. Ici, on ne célèbre pas la mémoire, on invoque définitivement le pouvoir si singulier du cinéma de faire vivre à jamais des esprits connectés.

Emilie Fradella

Appréciations

Nom Notes
Emilie Fradella 16
Marvin Ancian 18