Jours de fête

Affiche Jours de fête
Réalisé par Antoine Cattin
Titre original Jours de fête
Pays de production Suisse
Année 2022
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Hors-Champs
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 901

Critique

Portrait kaléidoscopique d’une société saint-pétersbourgeoise en pleine déroute, ce documentaire est important pour mieux cerner la complexité de la société russe post-2020 et offre un regard nuancé à une époque où la tentation du manichéisme n'est jamais loin.

Qui a dit que la vie était difficile en Russie ? C’est pourtant l’un des pays avec le plus de jours fériés au monde. Antoine Cattin, réalisateur suisse longtemps établi à Saint-Pétersbourg, nous propose le portrait de quatre personnes filmées tout au long de ces « jours de fête ». On y suit Djous, l’immigré kazakh qui a abandonné sa famille pour trouver un travail, Anna, la cheffe de service de la ville qui approche de la retraite, Dina la jeune conductrice de trolley aussi révoltée que xénophobe et Nikita le jeune entrepreneur et grimpeur urbain.

Tantôt filmé par le réalisateur, tantôt capté avec le smartphone des protagonistes, Jours de fête s’avère être un portrait kaléidoscopique sans concession qui sonde l’intimité d’une certaine population russe qui se cherche et se fracasse souvent sur le mur de la désillusion. Les origines diverses et contrastées des personnages offrent ainsi de multiples perspectives permettant de nuancer les propos et de rendre compte du mal-être des Russes sans tomber dans un discours démagogique. En ces temps où la tentation du manichéisme n’est jamais loin, c’est important de le souligner. Une des scènes pour laquelle ce dispositif déploie tous ses effets, c’est un montage alterné pendant la journée internationale des droits des femmes. En virevoltant par un montage habile entre les manifestations des militantes et les préoccupations très technocratiques de l’administration au son des percussions d’un cortège, Antoine Cattin offre un vrai moment de cinéma virtuose, dynamique et édifiant. Bien que le film ait été essentiellement tourné avant l’invasion en Ukraine et l’enlisement de cette guerre, l’ombre de ce conflit se fait ressentir tout au long du métrage jusqu’à être frontalement abordé lors d’une scène dramatique. Ainsi, « Jours de fête » s’avère être un contrechamp nuancé et nécessaire au flot d’informations qui nous parvient chaque jour du front.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 15