Suzume

Affiche Suzume
Réalisé par Makoto Shinkai
Titre original Suzume no Tojimari
Pays de production Japon
Année 2022
Durée
Musique Radwimps, Kazuma Jinnouchi
Genre Animation, Fantastique
Distributeur Universal
Acteurs Ryûnosuke Kamiki, Naoto Matsumura, Nanoka Hara, Eri Fukatsu
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 899

Critique

Comme tout ce que fait Makoto Shinkai, Suzume est médiocre. Mais cette fois, le cinéaste responsable de Your Name manque particulièrement d’imagination – scénaristique, visuelle, artistique – et propose une énième itération de l’isekai (récit initiatique à la japonaise) sans y injecter vraiment d’idée.


Suzume est – comme dans tout isekai – une adolescente vivant dans une ville côtière du Japon. Comme dans tout isekai, elle a une vie familiale compliquée, puisqu’elle a perdu sa mère très jeune et a été élevée par sa tante. Comme dans tout isekai, elle est une marginale qui un jour tombe par hasard sur – comme dans tout isekai – un beau jeune homme mystérieux doté de pouvoirs surnaturels. Il se trouve que ce jeune homme, Sōta, est investi de la tâche de fermer des portes qui donnent – comme dans tout isekai – sur un monde parallèle, de peur que n’en sorte un vers maléfique qui causerait de violents séismes sur le territoire. Mais voilà, Sōta est transformé en petite chaise (le meilleur aspect du film) par une divinité espiègle (le faire-valoir animalier mignon que l’on retrouve dans tout isekai). Aussi, Suzume va se lancer dans une double quête : suppléer Sōta dans son rôle, et fermer les portes qui s’ouvrent à travers le Japon.


Le nouveau film de Makoto Shinkai est désormais le 4ème film japonais qui a fait le plus d’entrées dans le monde, derrière Your Name du même cinéaste. Il triomphe également au Japon, où il figure en 14ème place des films les plus rentables de son histoire. Et ce n’est pas étonnant, car Shinkai ressasse ad nauseam tous les éléments qui avaient fait le succès de ses précédents films. Aucune surprise donc, aucune prise de risque, aucune inventivité. On pouvait à la rigueur sauver Your Name par la maestria de son animation ; mais ici, l’animation n’est pas au rendez-vous. Le dessin est générique et franchement même laid à certains moments, comme si les planches avaient été bâclées par manque de temps. Pire encore, le recours excessif aux images de synthèse souvent baveuses donne la fâcheuse impression de regarder un Miyazaki au rabais.



Nombre de films nippons à destination du très grand public après 2011 parlent d’une manière ou d’une autre du séisme et tsunami du Tōhoku, du 3 mars 2011 – les plus violents de l’histoire du pays. C’est le cas de Suzume, dont le scénario ne dissimule pas son message. En effet, le personnage de Suzume doit fermer des portes pour empêcher des tremblements de terre. Évidemment, le propos est métaphorique : elle doit refermer les portes sur son passé, et oublier les événements traumatiques de l’une des plus grandes catastrophes naturelles du pays pour aller de l’avant. Et construire un avenir avec les proches qui nous restent et qui nous aiment. Un message à portée individuelle mais aussi nationale. Un message innocent mais convenu, que pléthore d’œuvres japonaises remâchent déjà depuis 1945.


Cela dit, les interactions entre la protagoniste Suzume et la chaise pour enfants à trois pieds relèvent qu’est devenu Sōta relèvent suffisamment de l’absurde pour maintenir notre curiosité éveillée pendant 2 heures.

Anthony Bekirov

Appréciations

Nom Notes
Anthony Bekirov 9
Kevin Pereira 17