L’homme le plus heureux du monde

Affiche L’homme le plus heureux du monde
Réalisé par Teona Strugar Mitevska
Titre original Najsrekjniot Chovek Na Svetot
Pays de production Macédoine du Nord
Année 2023
Durée
Musique Viktor Grabar, Kristoffer Salting, Ingrid Simon
Genre Drame
Distributeur Trigon
Acteurs Labina Mitevska, Ana Kostovska, Adnan Omerovic, Jelena Kordic Kuret
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 898

Critique

De l’absurdité de son cadre (un speed-dating dans une immense salle impersonnelle d’un hôtel de Sarajevo) surgiront les traumatismes du passé (la guerre de Serbie), la haine et la violence, puis le douloureux chemin du pardon. C’est l’histoire d’une rencontre entre Asja et Zoran, l’une est venue trouver l’amour, l’autre la rédemption.

 

Asja est célibataire, et attend fébrilement son compagnon de speed-dating pendant que les autres tables se garnissent de participants déjà en discussion avec leur moitié, tous remplis d’espérance d’un nouvel amour. Zoran arrive en retard, ses cheveux gras tombant sur un regard fuyant, ses mains tremblent, son élocution maladroite feint un stress amoureux. La vérité est tout autre, point brutal de bascule où l’apparente séduction fait place à la stupéfaction, de la stupéfaction, le dégoût et le rejet. Asja apprend de Zoran qu’il est bosniaque, et a participé aux exactions contre la ville de Sarajevo durant la guerre de Serbie. Pire, révélation fracassante, la victime se retrouve face à son bourreau. C’est bien lui qui aurait attaqué l’immeuble de Asja lors de cette fameuse journée du 1er janvier 1993 dont la précision des détails donnés par Zoran le confonde avec la vérité, et confirme la dramaturgie de cette rencontre : il voulait voir la fille sur laquelle il a tiré, et il se retrouve désormais face à elle.


Cette idée de relecture de la guerre civile par la cocasserie d’une rencontre amoureuse aurait pu glisser sauvagement vers une mise en scène osée et disruptive. Malheureusement, l’ennui progresse trop rapidement par une caméra académique, envahissante, qui ne laisse jamais le temps à l’émotion de naître par un enchaînement ininterrompu de saynètes ni drôles ni perspicaces. Ou alors, à la lecture si convenue qu’un soupir de gêne s’en dégage (la scène de danse avec des mineurs pour imager le désir de liberté d’Asja avec une génération débarrassée de traumatismes). Tout y est trop dilué, et le consensuel de sa fin achève l’échec relatif du film, le pardon est ici le grand gagnant alors que Mitveska (la réalisatrice macédonienne) n’a jamais réellement filmé son cheminement. Rien ne peut donc se dégager de cette embrassade finale factice, apposée à notre regard, sans fond ni logique pour la justifier.

Pierig Leray

Appréciations

Nom Notes
Pierig Leray 11