Corsage

Affiche Corsage
Réalisé par Marie Kreutzer
Titre original Corsage
Pays de production Autriche, Allemagne, France, Luxembourg
Année 2022
Durée
Musique Camille
Genre Drame historique, Biopic
Distributeur Elite Film
Acteurs Vicky Krieps, Florian Teichtmeister, Katharina Lorenz
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 893

Critique

En prenant le contrepied total de la « Sissi » qui imprègne l’imaginaire collectif, ce portrait dépeint une impératrice à la personnalité complexe et tourmentée. Aussi agaçant que stimulant !

En 1878, Elizabeth « Sissi » d’Autriche franchit le cap de son quarantième anniversaire. La réalisatrice Marie Kreutzer choisit de raconter cette année dans la vie de la célèbre impératrice. On y découvre une femme tourmentée et opprimée par le carcan de sa fonction… jusqu’à le faire exploser ?

Sissi est un personnage complexe, aux multiples facettes et parfois paradoxal. La réalisatrice de Corsage l’écartèle entre son obsession quant à l’image qu’elle renvoie d’elle-même et son mal-être au sein de la cour de Vienne. Pour éviter ses obligations, Sissi alterne des séjours entre ses résidences de vacances et les visites aux membres de sa famille. Mais ses voyages, toujours en compagnie de ses fidèles gouvernantes, parfois en compagnie de sa plus jeune fille, ne lui offrent que de trop brèves bouffées d’oxygène.

On saura gré à Marie Kreutzer de nous montrer des côtés plus sombres, mais aussi plus modernes de Sissi. Pour ce faire, la réalisatrice use (et abuse ?) d’anachronismes et de parti-pris artistiques radicaux pour souligner à quel point l’impératrice était une femme en avance sur son temps et en totale résonnance avec notre époque : musique pop signée par la chanteuse française Camille (chantée en anglais), explosion de la cohérence des raccords géographiques et historiques, et surtout, réinvention du destin de l’impératrice qui est transformée littéralement en figure de proue féministe. Si ce dispositif a pour avantage de dynamiter le souvenir quelque peu gnangnan qu’auraient pu nous laisser les adaptations d’Ernst Marishka avec Romy Schneider, il a la fâcheuse tendance à prendre le dessus sur le personnage et son récit. Dans Corsage, Sissi n’est plus la femme-objet de l’empereur, mais elle est devenue la femme poupée de la réalisatrice qui y projette les préoccupations de son temps de manière criarde. La démarche est transparente et honnête, mais elle désincarne son personnage principal, malgré tout le talent et l’implication de Vicky Krieps. Ce réagencement historique provocateur a tout de même le mérite de nous donner envie de nous repencher sur le destin tragique de ce personnage aux multiples facettes, auxquelles s’identifient tant les Européens des Trente Glorieuses que les féministes du 21ème siècle.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 13