La Maison

Conçu à la base comme une minisérie télévisée, le projet d’Emma de Swaef est devenu un film d’animation à anthologie, composé de trois segments, tous réalisés en stop-motion à l’aide de marionnettes. Le fil rouge est la figure de la maison du titre, qui revient à travers les âges pour hanter les protagonistes, car il s’agit là d’une habitation imbue de pouvoirs étranges qui poussent les propriétaires à la folie. La première histoire, quelque part au 19^ème siècle, met en scène la construction de la maison par un architecte fou (et sans doute maudit) et l’histoire de ses premiers locataires. La seconde, au présent, celle d’un rat anthropomorphe qui a rénové la maison et essaie désespérément de la vendre, malgré une infestation de vermines. La troisième, dans un futur postapocalyptique où le monde est submergé par les flots, celle de colocataires félins qui essaient de trouver un sens à leur vie alors que la maison est lentement en train de s’écrouler.

Le problème avec les films à segments restera à jamais la disparité des visions artistiques de leur cinéaste respectif. Dans le cas de La Maison, le premier chapitre est de loin le meilleur, le plus étrange, le plus propice à susciter les interprétations et l’envie d’en savoir davantage. Si ce chapitre avait été le film entier, nous aurions sans doute consacré une page entière à son sujet. Mais la faiblesse des deux segments suivants et particulièrement du troisième new age et franchement furry (on laisse le soin aux lecteurs d’aller chercher le sens de ce mot), font de l’ensemble un pantin désarticulé et oubliable, quand bien même l’animation y est exceptionnelle.