Réalisé par | Kamila Andini |
Titre original | Nana |
Pays de production | Indonésie |
Année | 2022 |
Durée | |
Musique | Ricky Lionardi |
Genre | Drame |
Distributeur | Trigon films |
Acteurs | Happy Salma, Laura Basuki, Arswendy Bening Swara, Ibnu Jamil, Rieke Diah Pitaloka, Chempa Puteri |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 892 |
Le titre français du cinquième film de la réalisatrice Kamila Andini, Une Femme Indonésienne, n’est guère explicite. Le titre anglais est déjà un peu plus clair : Nana – Before, Now & Then renvoie à un récit qui va se dérouler dans le temps, celui d’une femme habitant une île lointaine. Ours d’argent, meilleur second rôle féminin (Berlin 2022), ce long métrage commence par déconcerter, avant de laisser au spectateur le plaisir de la découverte.
Les premières séquences surprennent : Nana (Happy Salma), jeune femme bientôt rejointe par sa soeur, marche le long d’un sentier en pleine jungle. Toutes deux évoquent le passé : on est en Indonésie, au milieu des années 40, après le départ des colons hollandais et des occupants japonais. Elles parlent aussi du présent et de l’avenir jusqu’au moment elles rencontrent un groupe d’hommes accompagnant et encadrant le père de Nana. L’affaire va brusquement très mal tourner : nous voilà dès lors en pleine tragédie familiale, avant de découvrir que Nana vient de faire un cauchemar… Et ce n’est que le début du récit.
On saute dans le temps et Nana semble maintenant avoir trouvé refuge à l’ouest de l’Île de Java, vingt ans plus tard. Elle a rencontré un cultivateur avec lequel elle vit (c’est son second mariage), s’occupant des plantations et du domaine, jusqu’au jour où elle croise Ino, une jeune femme pleine d’indépendance et de volonté (et qui se révélera être la maîtresse de son mari). Les thèmes principaux du film deviennent plus visibles, concernant l’émancipation féminine et les problèmes liés aux perspectives d’avenir qu’ont les femmes en Indonésie. Nana devient le personnage principal du film, une femme surprise à plusieurs moments importants de son existence avec son premier enfant (sa fille Daïs), et avec le retour de son premier mari lors de la révolution (politique) indonésienne.
Le film manque parfois de tension et de rythme, mais s’anime par des sauts temporels : on va retrouver Nana dans une très belle maison, avec des domestiques, mais elle supporte mal les incartades de son deuxième époux. Et ce n’est pas fini : les rêves cauchemardesques vont refaire surface. Le film suggère ce qui s’est passé et le hors-champ, assez fréquent, tente de jouer son rôle. Une Femme Indonésienne devient un voyage dans le temps, Nana aura d’autres enfants, mènera souvent une vie difficile avec un mari de plus en plus laconique, au milieu d’événements politiques souvent empreints de violence.
La mise en scène du film est bien maîtrisée, l’interprétation des acteurs excellente et les tonalités diverses choisies pour chacune des (longues) séquences sont adéquates. La réalisatrice ne cache pas ses intentions : il s’agit de défendre un monde féminin et de créer une société plus égalitaire. On regrettera pourtant la discrétion de cette composante sociopolitique du film : les deux jeunes femmes s’en prennent certes au monde patriarcal et bourgeois qui les asservit, mais sans toujours préciser quelles sont les nouvelles lignes directrices qu’elles souhaiteraient voir naître dans ce nouveau monde tant attendu.
Antoine Rochat
Nom | Notes |
---|---|
Antoine Rochat | 15 |