La Conspiration du Caire

Affiche La Conspiration du Caire
Réalisé par Tarik Saleh
Titre original Boy from Heaven
Pays de production Suède, France, Finlande
Année 2022
Durée
Musique Krister Linder
Genre Thriller
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Fares Fares, Makram Khoury, Mohammad Bakri, Mehdi Dehbi, Tawfeek Barhom, Moe Ayoub
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 887

Critique

Alors que les clichés abondent à propos de l’islam et qu’en Europe font débat les lieux de formation des prédicateurs musulmans, ce film approche sous un angle inédit un monde méconnu. Deux heures durant, on assiste à la formation d’Adam (Tawfeek Barhom) au sein de l’université Al-Azhar du Caire, haut lieu de l’islam sunnite, tout en dévoilant les liens troubles que peuvent unir la religion et l’appareil d’État égyptien. 


Un fils de simple pêcheur, jeune adulte au cœur pur, se retrouve au cœur d’une guerre de pouvoirs, suite au décès subit de grand Imam, figure vénérée du monde musulman. Qui pour le remplacer ? Qui contrôlera qui ? Quelques noms circulent, mais lequel retenir entre Dourani, proche des Frères musulmans, Ngem, âgé, aveugle et populaire, ou Beblawi dont les opinions s’alignent sur celle de la présidence. Qui l’emportera ? La question paraît finalement plus politique que spirituelle, d’autant plus lorsqu’on prend conscience combien de l’État, qui a ses yeux et ses oreilles au sein de l’université, interfère sur le religieux.

Si l’on s’intéresse tout particulièrement à Adam, menacé de tomber dans les rets de la corruption, le personnage d’un policier responsable des forces de sécurité ajoute une dimension de thriller à cette réalisation soignée qui plonge le spectateur dans un milieu qui lui est totalement étranger où les morts se succèdent. Ainsi suit-on Adam dans un labyrinthe où s’affrontent des écoles théologiques, fondamentaliste et progressiste. Et les arcanes de l’université de révéler que les discours les plus exigeants en matière de fidélité et de pureté ne se couplent pas forcément avec une conduite morale exemplaire, comme s’emploie à le montrer la délicate et redoutable enquête de celui qu’interprète magnifiquement Fares Fares.

Sans surprise, Tarik Saleh, réalisateur suédois d’origine égyptienne, ne pouvait tourner en Égypte et ne le pourra certainement plus après ce film. Aussi est-ce dans le dédale des rues et le chaos urbain d’Istanbul qui servent de décor, tout comme dans l’enceinte de l’université où certaines scènes de foule estudiantine alternent avec quelques moments en huis clos, que se passe ce Nom de la rose en terre d’islam. Les lieux ouverts ou fermés s’y opposent et s’y offrent comme une étonnante illustration de l’ordre apparent et du désordre qui s’emparent de certains personnages à commencer par Adam, cet étudiant affrontant un dilemme intérieur qu’il n’imaginait pas en répondant à sa vocation religieuse et qu’incarne Tawfeek Barhom avec force et conviction.

Récipiendaire du Prix du scénario dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2002, ce film permet d’approcher de l’intérieur ce qui touche à l’islam dont, note le réalisateur ,« l’Occident est tout à la fois obsédé, alors qu’en même temps il ne comprend pas du tout cette religion. » Une fiction sonne si vrai et retient tant l’attention, c’est que, tout comme le personnage principal (Adam), le grand-père de Tark Saleh est originaire d’un petit village de pêcheurs et a étudié à l’université Al-Azhar. Autant dire que cette Conspiration est à voir.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 16