Flee

Affiche Flee
Réalisé par Jonas Poher Rasmussen
Titre original Flee
Pays de production Danemark
Année 2021
Durée
Musique Uno Helmersson
Genre Animation, Documentaire
Distributeur Filmcoopi
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 882

Critique

Une vision intimiste sur la souffrance causée par la migration présentée dans un documentaire à la forme audacieuse.

Flee raconte l’histoire vraie d’Amin, jeune homme contraint de fuir sa patrie, l’Afghanistan, pour le Danemark suite à la guerre civile. Le réalisateur, Jonas Poher Rasmussen, l’ayant rencontré pendant leurs études et les deux hommes ayant noué une amitié, décide de l’interviewer pour mettre en lumière les épreuves qu’il a dû traverser. Des secrets seront alors révélés.

L’œuvre s’ouvre sur une question posée à Amin: que signifie la notion de maison pour lui? Si sa réponse est d’abord conventionnelle (la maison est un endroit où on se sent en sécurité), elle prend ensuite une tournure à laquelle nous pensons moins si nous n’avons pas été confrontés à la migration, qui nous paraît comme allant de soi: la maison est aussi un lieu où on peut rester tant que l’on veut, que nous ne sommes pas obligés de quitter. C’est cette notion qui va accompagner tout le film, qui expose donc la fuite d’Amin et de sa famille, jusqu’à ce qu’ils trouvent enfin leur maison.

La manière dont est réalisé Flee est plutôt spéciale, car Jonas Poher Rasmussen décide de filmer son documentaire d’animation comme s’il était en prises de vues réelles. Une grande partie du film consiste en effet en des plans montrant Amin qui raconte son histoire face caméra alors que le réalisateur le guide et l’interroge en voix off, ce que nous avons l’habitude de voir avec des personnes en chair et en os dans les parties de «confession» des documentaires. Cette méthode, outre conférer une touche originale à la réalisation, sert également une raison bien plus pragmatique: elle préserve l’anonymat du protagoniste, Amin étant en réalité un nom d’emprunt, puisque nous ne voyons pas ses véritables traits. Autre spécialité de Flee: à l’animation se mêlent des images d’archives illustrant la guerre en Afghanistan, afin de bien nous rappeler que, bien qu’elle soit montrée à la manière d’un dessin animé, l’histoire narrée est loin d’être fictive.

Le fond de la réalisation, malgré son caractère très dur, est aussi intéressant que sa forme. On suit de l’intérieur le destin mouvementé et déchiré d’une famille ayant dû se disperser aux quatre coins de l’Europe dans des conditions exécrables afin d’échapper à la barbarie. Nous sommes alors témoins des horreurs de la migration forcée mais également du traumatisme qu’elle fait subir à Amin, des années encore après son installation au Danemark. Sa vie est en effet teintée de peur, du poids des mensonges involontaires mais nécessaires, du chagrin de la séparation familiale et de l’insécurité persistante. Mais le film ne peint pas tout couleur d’ébène car il se termine sur une note d’espoir en la personne du fiancé d’Amin, Kasper, qui lui offre la chance de se reconstruire et de fonder une nouvelle famille dans un lieu où ils sont en sécurité et d’où personne ne les chassera. La boucle est ainsi bouclée. Flee offre donc une vision intimiste d’un sujet de société important. Le film ne prétend pas amener toutes les réponses au problème mais désire simplement mieux le faire comprendre au public, ce qui est déjà louable.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 15
Pierig Leray 15