Everything Everywhere All at Once

Affiche Everything Everywhere All at Once
Réalisé par Daniel Scheinert, Daniel Kwan
Titre original Everything Everywhere All at Once
Pays de production U.S.A.
Année 2022
Durée
Musique Son Lux
Genre Science fiction, Action, Comédie
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Jamie Lee Curtis, Michelle Yeoh, Ke Huy Quan, Stephanie Hsu, James Hong, Tallie Medel
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 882

Critique

Les réalisateurs du déjanté Swiss Army Man sont de retour avec un projet au moins aussi fou: envoyer le personnage de Michelle Yeoh dans tous les univers possibles. Cela mérite bien une critique «multiverselle».


Evelyn Wang (Michelle Yeoh) doit lutter sur tous les fronts: elle ménage les clients de sa laverie automatique, tente de comprendre le mal-être de sa fille en plein décalage culturel et affronte la redoutable administration fiscale américaine. Aubaine ou malédiction, elle va littéralement se démultiplier en accédant à toutes les vies parallèles qu’elle aurait pu avoir. Evelyn et sa famille se retrouvent soudain au cœur des enjeux qui régissent l’équilibre des univers infinis. Retour sur cet étrange film selon les univers respectifs de trois critiques.

Tout est dans le titre: Michelle Yeoh est littéralement tout, partout et en même temps dans ce film qui a l’ambition folle de projeter des problématiques intimes et familiales dans un contexte métaphysique vertigineux: le multivers. On retrouve ici la griffe du duo Kwan-Scheinert. Souvenez-vous de leur clip Turn Down For What dans lequel les parties intimes d’un jeune homme se mettaient en transe pour faire éclater le puritanisme et le communautarisme américain! Ce film entre tout à fait dans ce registre fantastico-socio-potache. La force de ces réalisateurs, c’est qu’ils parviennent à mettre leurs effets de clippeurs au service d’un propos et d’une histoire étonnamment grave, intime et sérieuse. Ce mélange improbable au rythme effréné de film de kung-fu, comédie, drame, science-fiction hyper référencée et de thématiques typiques du cinéma indépendant américain fonctionne miraculeusement pendant 2 h 20 et nous rappelle que seul le cinéma peut nous procurer des expériences aussi stimulantes.


Blaise Petitpierre



À l’instar de l’héroïne interprétée par Michelle Yeoh, on aimerait pouvoir s’engouffrer dans un univers parallèle où le film ne miserait pas uniquement sur un humour qui se veut déjanté mais qui n’est au final que cruellement vulgaire, et ainsi échapper à sa dimension potache/tarte à la crème. En effet, si cet ingrédient de la recette ne prend pas pour le spectateur, difficile alors de ne pas voir en Everything Everywhere All At Once qu’une succession de séquences certes effrénées et parfois visuellement très intéressantes, mais au final vides de sens et cohésion, répétitives et ennuyantes. Contrairement au précédent long métrage du duo de réalisateurs sévissant ici, Swiss Army Man, l’histoire, qui se veut tisser un discours intimiste et grave en filigrane, rate ici totalement son côté émotionnel. La faute certainement au manque de profondeur des personnages, qui n’arrivent pas à exister entre références cinématographiques à foison (qui donnent quant à elle un petit charme à la réalisation en nous rappelant que les bons films existent) et scènes de combat délirantes. Malgré l’explosion d’images qu’elles comportent, ces 2 h 20 paraissent alors bien longues…


Amandine Gachnang



Le concept de multivers au cinéma n’est pas chose nouvelle, notamment depuis son exploitation dans la franchise Marvel. Néanmoins, le postulat d’Everything Everywhere All At Once d’explorer ces différents univers parallèles pour questionner notre libre arbitre et les conséquences de nos choix était plutôt alléchant. Hélas, aussi contradictoire que cela puisse paraître, la proposition tourne bien vite en rond. Si, à l’instar de Swiss Army Man, le duo de réalisateurs parvient à offrir de purs moments de loufoquerie jouissive (comme un monde où les dix doigts de nos mains sont remplacés par des saucisses), il échoue à faire ressortir l’émotion sous-jacente qui venait nous frapper de plein fouet dans leur précédent long métrage. La portée philosophique, pourtant bien présente, est alors submergée par les références et les effets de style sous lesquels croule le film. Dès lors, malgré une inventivité foisonnante et de multiples idées de mise en scène, les frénétiques sauts entre univers deviennent bien vite répétitifs et finissent par lasser.


Marvin Ancian

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 17
Amandine Gachnang 10
Marvin Ancian 13