The Mushroom Speaks

Affiche The Mushroom Speaks
Réalisé par Marion Neumann
Titre original The Mushroom Speaks
Pays de production SUISSE
Année 2020
Durée
Musique Olga Kokcharova
Genre Documentaire
Distributeur Sister Distribution
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 880

Critique

Et si les champignons sauvaient notre monde en déliquescence? C’est une des nombreuses questions soulevées par ce documentaire qui s’intéresse à des organismes fondamentaux et pourtant méconnus.

Lorsqu’on imagine un documentaire sur la nature, on a tendance à se représenter des animaux filmés au quotidien dans leur environnement naturel. En mettant en image leur comportement, il est aisé de créer de la tension dramatique et de la narration, notamment en jouant sur l’anthropomorphisme. Cette stratégie se complique lorsqu’il s’agit de mettre en scène des organismes sessiles aux interactions nettement moins évidentes à filmer. On mesure alors le défi de réaliser un film sur des champignons, ces êtres vivants ni animaux, ni plantes. C’est pourtant ce pari qu’ose la réalisatrice Marion Neumann avec ce documentaire poétique.

Des champignons, nous connaissons leurs saveurs alimentaires, leur toxicité et éventuellement leurs molécules au propriétés psychédéliques. Et pourtant, au-delà du sporophore - la partie «émergée» du champignon servant uniquement à des fins de reproduction - se déploie un gigantesque entrelacs de filaments qui forme un réseau complexe entre le champignon et son environnement. C’est cette connexion qui est au cœur du propos du film. Ces ramifications de mycélium se connectent parmi, mais fusionnent également avec d’autres organismes permettant par exemple le développement de forêts sur des sols pauvres en nutriments. Ces couplages complexes occupent une place fondamentale dans le cycle du vivant.

Mais Marion Neumann raconte les champignons au-delà des chaînes trophiques écologiques. Pour elle, il y a une analogie évidente entre une société humaine qui se cloisonne de plus en plus depuis la révolution industrielle et ces organismes qui connectent et s’interconnectent. Elle filme alors des communautés qui se réunissent autour de ces organismes décomposeurs dans un idéal de résistance et de transformation politique. Au-delà du sol qu’ils transforment, les champignons permettraient donc aux humains de remodeler la société. On rencontre par exemple Peter McCoy, l’auteur du traité Radical Mycology, qui est persuadé que les champignons sont des êtres incontournables pour détoxifier les eaux, dépolluer les sols et nourrir sainement une société à bout de souffle.

On pourrait regretter que la mise en scène de The Mushroom Speaks ne soit pas aussi radicale que peut l’être parfois la mycologie. Certes, il y a bien quelques séquences contemplatives dans lesquelles des moisissures transforment des boîtes de Petri en véritables œuvres d’art. Il y a également l’absence de voix off, remplacée par de simples sous-titres qui laisse ainsi parler les mycètes. Mais à part ces fulgurances bien vues, trop souvent le film ressemble à une conférence scientifique filmée ou à un reportage journalistique. En adoptant une forme malgré tout relativement classique, The Mushroom Speaks se contente d’entrouvrir une multitude de petites fenêtres sur un univers qu’on devine comme gigantesque, tentaculaire et vertigineux, mais n’embrasse pas complètement la nature organique, poétique et expérimentale de son sujet.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 14