El buen patrón

Affiche El buen patrón
Réalisé par Fernando León de Aranoa
Titre original El buen patrón
Pays de production Espagne
Année 2021
Durée
Musique Zeltia Montes
Genre Comédie
Distributeur Pathé Films
Acteurs Javier Bardem, Sonia Almarcha, Manolo Solo, Almudena Amor, Óscar de la Fuente, Fernando Albizu
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 880

Critique

Huitième long métrage de Fernando León de Aranoa, El buen patrón a obtenu six Goyas en 2022 - les équivalents en Espagne des Oscars américains - dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur. Cette tragi-comédie s’inscrit dans la liste de plusieurs portraits humains mis en scène par le cinéaste et le film ici est excellemment servi par Javier Bardem, personnage central et patron assez particulier d’une entreprise familiale. Le film se présente comme une suite d’événements et de rebondissements inattendus et parfois douloureux.

Julio Blanco est à la tête d’une usine qui fabrique des balances industrielles. Ambitieux, il attend la venue d’une commission provinciale chargée de désigner le gagnant d’un vaste concours d’excellence dans ce secteur. Mais les ennuis vont surgir au moment où tout devait être parfait pour cette visite des ateliers et des bureaux directoriaux: un ancien collaborateur en veut à son chef et le fait violemment savoir, un autre responsable tombe en dépression, une jeune stagiaire cherche à séduire le patron et le harcèle… Malgré ces embûches (et d’autres encore) Blanco fera tout son possible pour gagner le concours, en usant de bons et de mauvais moyens. La situation va se détériorer, la morale ne sera pas sauve (loin de là) et le film deviendra vite le portrait d’un patron d’entreprise douteux et extrêmement manipulateur. Au spectateur de découvrir le film et - surtout - les toutes dernières séquences.

El buen patrón est en même temps le tableau plus général d’une situation économique qui se dégrade et d’un monde où l’on se fait souvent exploiter. Le cinéaste insiste sur certains mécanismes souvent peu reluisants qui peuvent accompagner de nos jours le fonctionnement d’une entreprise, sans oublier de mettre en évidence les difficultés qui relient travail professionnel et vie privée: les conflits sentimentaux sont légion, les situations ambiguës se bousculent, chacun défendant ses propres intérêts. Blanco en est l’exemple le plus parfait: patron et mari, peu importe, il dépasse quotidiennement les lignes rouges.

Le film se déroule sur une semaine et débute comme une comédie. Le ton change pourtant rapidement et les misères du monde ambiant vont s’enchaîner. El buen patrón suit les pas du protagoniste principal, fascinant, mais de plus en plus antipathique: durant les deux heures du film, les conflits se multiplient jusqu’à en devenir parfois lassants, et cela même si l’interprétation de tous les personnages est excellente et l’écriture du film remarquable. Le pouvoir exercé par Blanco sur son entourage (professionnel et familial) est abusif, à la limite parfois des règles élémentaires de la morale. Et la mort rôde.

Cette chronique tragique de notre monde flirte avec une sorte de bonhomie foncièrement suspecte, et l’on ne sera guère rassuré en découvrant dans ce film - formellement excellent - des images et un tableau en creux des conflits qui peuvent surgir entre classes sociales, ainsi que des séquences révélatrices d’un pouvoir personnel inacceptable, mais susceptible de s’exprimer dans une société néolibérale…

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 17