La Ruse

Avec un casting qui a pourtant de quoi faire rêver, John Madden (réalisateur notamment du Shakespeare In Love) ne parvient qu’à nous offrir un film historique qui sent la naphtaline. La Ruse revient sur l’opération secrète menée par des agents de l’ombre pour détourner l’attention d’Hitler du débarquement prochain en Sicile. Finesse et dissimulation prennent le pas sur la force brute: il s’agit de fabriquer de toute pièce un soldat mort, transportant des (faux) documents capables de semer le doute et la pagaille chez l’ennemi. À cela s’ajoute un début de romance contrariée entre le capitaine Ewen Montagu (Colin Firth) et la secrétaire Jean (Kelly Macdonald), contemplé avec jalousie par Charles Cholmondeley (Matthew Macfadyen). Le récit exhibe avec peu d’adresse les quelques bonnes idées qui le sous-tendent - avoir des protagonistes aux existences peu glorieuses qui se réinventent à travers le destin de ce soldat de paille - tout en tentant de créer un semblant de suspense quant au déroulement du plan et multipliant pour ce faire des obstacles peu efficaces. Quant au cadre historique général, il n’est plus vraiment à même de provoquer un sentiment d’adhésion chez le spectateur, tant il a été réemployé de la même façon! Seul le constat final partagé par les deux personnages masculins offre rétrospectivement une lecture intéressante des événements montrés: que l’Histoire qu’on nous raconte toujours, celle des grands actes portés par des figures abstraites, est au fond constituée de parcours bien trop humains, de leurs frustrations et de leurs désirs. Dommage que ceux présentés ici peinent à totalement nous séduire.