Hit The Road

Ce huis clos sous forme de road movie sonde les déchirements d’une famille oppressée par un régime autoritaire. Un sujet commun revisité avec panache et originalité.

Un père (Hassan Madjooni) et une mère (Pantea Panahiha) amènent leur fils aîné (Amin Simiar) vers une destination nébuleuse. Ils sont également accompagnés par leur fils cadet (Rayan Sarlak) au caractère bien trempé.

Hit The Road reprend tous les codes du road movie pour mieux les détourner: il s’agit d’une fuite mais l’origine et la destination restent floues. Le voyage est essentiellement caractérisé par des pauses et une interminable attente. Les grandioses paysages iraniens sont presque toujours filmés depuis ou autour du véhicule. Ce cheminement s’avère être en fait un huis clos au moins aussi oppressant que le poids du régime iranien sur les individus qui auraient décidé de sortir du cadre.

Grâce à ses personnages hauts en couleur incarnés par des excellents acteurs de théâtre et à sa mise en scène particulièrement inventive, le premier long métrage du réalisateur Panah Panahi offre une vision fraîche et originale sur un sujet qui lui est archi-traité: l’oppression d’un régime sur sa population et la difficile fuite de ce système. Fortement imprégné par sa propre expérience - Panah Panahi est le fils de Jafar Panahi, cinéaste iranien multirécompensé mais censuré dans son pays - le cinéaste joue très habilement avec ses quatre personnages bloqués dans cette voiture. Ce chemin de crête entre le huis clos et le road movie permet au metteur en scène de créer une tension entre sarcasme et mélancolie, deuil et espoir, joie et tristesse, déchirement et réconciliation. Ces oscillations bipolaires se retrouvent également dans chaque personnage dont l’image initiale se craquelle pour mieux en révéler les tourments intérieurs. Le rythme et le ton de Hit The Road sont ainsi déroutants mais permettent à son auteur de revisiter des thèmes communs sous un angle inattendu. Si Panah Panahi n’a jamais coupé les ponts avec sa famille - au contraire, il a souvent collaboré sur les tournages de son père -, on peut affirmer qu’au niveau cinématographique il convainc en s’affranchissant totalement du style et des références de son paternel.