Dynamic Wisdom

Affiche Dynamic Wisdom
Réalisé par Elise Shubs
Titre original Dynamic Wisdom
Pays de production SUISSE
Année 2021
Durée
Musique Jérôme Cuendet
Genre Documentaire
Distributeur Casa Azul Films
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 876

Critique

Pendant plus de deux ans (de 2018 à 2021) la réalisatrice vaudoise Elise Shubs a plongé sa caméra au sein d’un groupe d’une quinzaine d’émigrés nigérians vivant en commun dans une petite maison lausannoise.

Dynamic Wisdom - c’est ainsi qu’ils ont appelé leur communauté - pourrait se traduire par «sagesse et prudence actives». Le film se présente comme un tableau des vicissitudes et des difficultés à se faire une place lorsqu’on est un «Noir», qu’on ne parle pas la langue du pays où l’on a débarqué et qu’on n’a ni travail ni ressources.

Peu d’informations précises nous sont données sur l’origine de ces migrants, sur leurs familles, sur ce qui les a amenés à quitter l’Afrique, et l’on ne dispose guère de renseignements sur la façon dont ils ont gagné l’Italie, puis la Suisse. Leur histoire se situe entre espoir et désespoir, dans une existence qui se présente comme l’attente d’un futur non défini. Pour éviter de devoir dormir dehors, cette microsociété d’une quinzaine d’individus squatte donc (avec l’accord temporaire de son propriétaire) une maison de 75 m2. Un tout petit peu d’argent circule entre ces exilés qui se sont organisés en mode collectif: ils se sont choisi un président, ils ont élu un trésorier et le film aborde (ou plutôt survole) un certain nombre de problèmes de fonctionnement.

Cette plongée dans ce microcosme humain ne permet pas de savoir vraiment ce qui les a amenés à abandonner leurs familles, même si l’on parle de racisme, de violence, de pauvreté et de désobéissance civile. Dans sa description la cinéaste a su éviter le misérabilisme, mais elle ne s’est pas donné comme objectif - on le regrette - de raconter le parcours difficile des membres de ce groupe sympathique, ni celui de tenter de s’approcher plus près de certains d’entre eux. Bien des images sont puissantes, mais on reste souvent à la surface des événements.

Les migrants parlent anglais, le film est donc sous-titré, à l’exception de quelques séquences au cours desquelles interviennent deux ou trois francophones. Cette microsociété autogérée d’exilés sait aussi chanter, danser et s’amuser, mais il aurait été intéressant que l’un ou l’autre d’entre eux puisse nous raconter sa vie antérieure au Nigeria avant de trouver asile chez nous. La cinéaste tente de porter un regard neuf sur les problèmes liés à l’exil et à l’immigration, des sujets qui sont d’actualité aujourd’hui*. Mais elle le fait sans vraiment questionner les Nigérians: une forme de distanciation et de pessimisme finit par l’emporter, l’impression générale restant celle d’une communauté laissée à elle-même, avec peu d’appuis extérieurs.


* On signalera qu’une plateforme vaudoise d’échanges entre l’administration et les communautés étrangères vient d’être créée pour une meilleure compréhension mutuelle (cf. 24Heures/19 mars).

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14