L’Ombre d’un mensonge

Affiche L’Ombre d’un mensonge
Réalisé par Bouli Lanners
Titre original Nobody Has To Know
Pays de production Belgique, France
Année 2019
Durée
Genre Drame, Romance
Distributeur Frenetic
Acteurs Clovis Cornillac, Julian Glover, Bouli Lanners, Michelle Fairley, Andrew Still, Cal MacAninch
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 875

Critique

Un homme d’âge mûr se retire sans bagages sur une île du nord de l’Ecosse. Pourquoi dans ce coin perdu?

Fuyait-il? Phil (Bouli Lanners), mystérieux étranger sur ces terres arides, ne répond guère aux questions, même s’il est bien connu de la communauté protestante locale, avec laquelle il tente de nouer des liens. Un jour, à la suite d’une attaque cérébrale, il perd la mémoire, mais, en rentrant de l’hôpital, trouve la discrète Millie (Michelle Fairley) qui prend soin de lui et prétend qu’ils étaient amants avant son accident, ce dont il n’a pas le moindre souvenir. Pourtant ses soins et sa proximité aideront-ils Phil à recouvrer la mémoire? Et si c’est le cas, Millie et Phil se retrouveront-ils vraiment?

Avec une très grande finesse, le réalisateur tout à la fois brouille et dévoile les pistes. Car la mémoire est une construction aussi fragile qu’essentielle, nécessaire que redoutable. Il y a bien sûr celle, troublée, de Phil, mais aussi celle de Millie. Sans parler que si la mémoire accompagne les relations fortes et parfois les restaure, à d’autres moments, elle les freine, voire les empêche. Et lorsqu'aux soucis psychiques s’ajoutent quelques secrets bien enfouis, il n’est pas facile de reprendre pied et de retrouver un véritable équilibre.

Sur les plaines et les plages désertes, mais d’une grande beauté, magiquement rendues par la photographie du film et ses longs plans de nature, les êtres, qui tous et toutes se sont forgés une carapace, usent de peu de mots pour s’exprimer et révéler ce qui se joue en eux au plus profond. Des souffrances indicibles remontent en surface, alors que quelques rais de lumière traversent l’austère communauté presbytérienne où le rôle de la femme est encore forcément lié à celui d’un homme.

Qui dit vrai? Millie? Phil? Un mensonge peut-il s’avérer fécond lorsque la vérité est trop douloureuse ou n’est-ce que cette dernière qui finalement rend libre? Avec retenue, l’acteur et réalisateur belge, notamment d’Eldorado (2008) et des Géants (2011) signe un film d’une grande sensibilité qui suggère et accompagne un questionnement essentiel.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 17