Tout commence

À la suite d’appels répétés et de la popularité grandissante de Greta Thunberg, des jeunes de tous pays lui ont emboîté le pas et se sont emparés de la question climatique, bien décidés à interpeller les politiques, espérant de véritables engagements sociétaux.

Frédéric Choffat, ne pouvant se dérober aux questions de ses deux enfants de 13 et 17 ans, décide de tourner un documentaire sur cette jeunesse qui s’engage et multiplie marches et actions symboliques et pacifistes, en Suisse comme à l’étranger. Ainsi le réalisateur romand filme diverses manifestations, interroge quelques participants et suit la manière dont les jeunes vivent les oppositions rencontrées, les arrestations par la police, voire les incarcérations ponctuelles. Au fil des mois, l’horizon de véritables changements semble reculer, alors que se déroulent quelques procès qui, lorsqu’ils débouchent sur l’acquittement des prévenus, suscitent l’espoir d’une prise de conscience collective. Puis survient la pandémie qui marque un terrible coup d’arrêt à tout un mouvement aussi important que généreux.

S’il est important de suivre de près l’engagement des jeunes générations troublées par la chute de la biodiversité, le dérèglement du climat et la surpopulation, et d’entendre leurs interpellations à leurs aînés qui leur lèguent une situation catastrophique, est-il nécessaire de finalement proposer un documentaire désespéré et désespérant? Car c’est finalement le sentiment qui se dégage à la vue et l’écoute de jeunes épuisés par leurs tentatives qui n’ont pas abouti comme souhaité. Toutefois, les enfants Choffat et leurs proches ne représentent pas tous les jeunes. Si sans aucun doute, ils sont nombreux à déchanter des résultats de leurs engagements, il en est d’autres très nombreux également, qui luttent encore - aujourd’hui certainement de manière moins visible qu’avant la crise sanitaire - à changer les mentalités et augmenter les prises de conscience pour permettre que perdure le vivant. Certes, les décennies passées ont accentué le phénomène dont on perçoit actuellement les dangers, mais, hier déjà, des femmes et des hommes tentèrent d’alerter et d’influer tant que faire se peut pour améliorer la situation.

Ce documentaire, filmé comme un document familial, sort opportunément au moment du dernier rapport des Journalistes d’investigation sur l’écologie (JIEC), mais hélas il n’offre guère de perspectives et n’invite pas à s’engager (plus encore).