Belle

Affiche Belle
Réalisé par Mamoru Hosoda
Titre original Ryu to Sobakasu no Hime
Pays de production Japon
Année 2021
Durée
Musique Taisei Iwasaki, Ludvig Forssell, Yuta Bandoh
Genre Animation, Aventure, Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Louane Emera, Florent Dorin, Antonin Icovic, Julien Frison, Sarah Brannens, Félicien Juttner
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 871

Critique

Avec son interface futuriste permettant à tout un chacun de se créer une vie numérique, Belle explore la face obscure des réseaux sociaux mais aussi la possibilité qu’ils offrent à son héroïne de se reconstruire virtuellement pour mieux le faire réellement. Un beau film sur le fond comme sur la forme.

Suzu, adolescente mal dans sa peau et détruite par un drame familial, décide un jour de se créer un avatar dans le monde virtuel de U. Sur cette toile fantasmagorique, elle peut devenir Belle, une chanteuse au talent et au succès fous. Mais le rêve se fissure lorsqu’un de ses concerts est interrompu par la Bête, appelée ici Dragon, un être pourchassé par la police de U. Intriguée, la jeune fille va tout faire pour découvrir l’identité de ce mystérieux inconnu, aussi repoussant qu’émouvant. Mais les apparences sont trompeuses, et Suzu/Belle devra s’engager dans un combat qu’elle n’aurait jamais soupçonné mener.

Mélange de Black Mirror (expose les potentielles dérives de la technologie) d’Hannah Montana (joue sur la double vie d’une adolescente ordinaire et star de la chanson) et de La Belle et la Bête, ce film d’animation japonais semble partir sur des sentiers déjà maintes fois explorés et donc quelque peu attendus. Pourtant, il sait surprendre en adoptant une tournure plus sérieuse et noire que ce qu’on aurait pu imaginer, mais aussi plus émotionnelle, surtout dans son dernier acte, lorsque les actions menées par Belle dans U font écho à celles entreprises par Suzu dans la réalité et que la confiance acquise virtuellement par la jeune fille se reflète dans sa vie, l’aidant à réparer son traumatisme ainsi que celui de la Bête.

L’idée d’un univers virtuel où tout le monde peut se créer une nouvelle identité numérique est bien sûr l’occasion d’aborder les dangers des réseaux sociaux (risque de harcèlement, critiques faites sous le couvert de l’anonymat) mais aussi, étonnamment, leurs bienfaits (sentiment de collectivité, partage d’informations pour une bonne cause). La réalisation met également en avant la valeur de la protection de la vie privée et des données sur internet, un thème très à la mode en ce moment, par le fait que la pire chose que puisse faire la police de U aux «criminels» est de révéler leur véritable identité. Outre ce message d’avertissement à l’attention du jeune public, qui a accès de plus en plus tôt à la technologie, le film offre également de très beaux visuels, qu’ils soient oniriques dans U ou naturels dans le petit village de montagne de la «vraie vie». Le style de l’animation est d’ailleurs assez spécial, associant dessins et images en prise de vue réelle. Autres aspects spéciaux pouvant dérouter le spectateur non initié: l’humour, parfois un peu trop loufoque, et les réactions des personnages, parfois très excessives, que l’on retrouve souvent dans les animes japonais. Malgré ces différences culturelles pouvant plaire ou non et quelques longueurs, Belle arrive à nous emporter sur le parcours émouvant de Suzu, qui de jeune fille en détresse devient héroïne salvatrice, exorcisant par la même occasion les démons de son passé. Une fable à la fois très contemporaine et intemporelle.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 13