Spencer

Affiche Spencer
Réalisé par Pablo Larraín
Titre original Spencer
Pays de production Grande-Bretagne, Allemagne, U.S.A., Chili
Année 2021
Durée
Musique Jonny Greenwood
Genre Biopic, Drame
Distributeur DCM Film Distribution
Acteurs Timothy Spall, Kristen Stewart, Sean Harris, Jack Nielen, Freddie Spry, Jack Farthing
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 871

Critique

Après Neruda au sujet du grand poète et Jackie, autour de la veuve de John F. Kennedy, le cinéaste chilien Pablo Larraín affirme son désir de fantasmer le réel, celui de Lady Diana, bien au-delà du biopic.

Quand des forces armées sécurisent tout le château de Sandringham, accueillant la famille royale britannique pour Noël, en 1991, Diana Spencer dite Lady Di (Kristen Stewart) roule seule en porche, agacée, perdue dans la campagne. Alors elle s’arrête dans un «Fish and chips» pour demander sa route, débarque en retard pour le premier repas d’une longue série qu’elle redoute, bien après sa belle-mère Élisabeth II, un affront.

L’ambiance est glaciale derrière les murs, Lady Di fait mine de l’ignorer, retarde son arrivée dans les pièces communes, prétextant le mal-être, se rend aux toilettes, hurle. Durant la première demi-heure, aucune réunion familiale n’est exposée, les repas s’enchaînent et on ne voit la princesse qu’après ceux-ci, lors d’un changement de tenues, aidée par sa fidèle servante Maggie (Sally Hawkins). Toujours elle semble vouloir s’échapper, s’arrache entre provocations et pleurs, jusqu’à l’évanouissement, puis finit par donner le change entre deux portes, munie d’un humour piquant pour retarder les larmes.

Loin de dépeindre une réalité historique, Spencer du Chilien Pablo Larraín s’étale avec brio dans une temporalité incertaine, entre les fantasmes et la réalité d’un personnage instable. Alors que Kristen Stewart emprunte avec élégance les gestes et mimiques de la «princesse des cœurs», elle incarne aussi le personnage d’«une fable tirée d’une vraie tragédie», selon les mots d’introduction. Car dans ce château, à deux pas d’une ancienne demeure familiale, alors que Lady Di sait que ce Noël sera le dernier de son couple (Charles, interprété par Jack Farthing, ne lui est d’aucune aide pour vaincre ses démons), la paranoïa grandissante de celle-ci apparaît en fantômes. Il y a celui du souvenir, surgissant dans la figure d’une petite fille qu’elle côtoie en glanant le passé, lors d’une nuit où elle s’échappe une lampe torche à la main. Mais il y a aussi celui de la défunte reine d’Angleterre, Anne Boleyn (1533-1536) dont un livre à son sujet, posé mystérieusement en évidence dans sa chambre, raconte une vie de martyr.

Enfin Diana croise son propre spectre, celui qu’elle voit se mutiler face au miroir, entre deux crises de boulimie cette fois bien réelles. Alors que les strates du récit s’entremêlent dans un tourbillon d’incertitudes, sublimant merveilleusement sa détresse, le portrait d’une autre Diana refait surface à plusieurs reprises. Jusqu’à lui laisser un semblant de paix au bord de l’eau, aimée par ses deux fils.

Adrien Kuenzy

Appréciations

Nom Notes
Adrien Kuenzy 15
Marvin Ancian 16
Sabrina Schwob 13