Tromperie

Affiche Tromperie
Réalisé par Arnaud Desplechin
Titre original Tromperie
Pays de production France
Année 2021
Durée
Musique Grégoire Hetzel
Genre Drame, Romance
Distributeur Xenix
Acteurs Denis Podalydès, Anouk Grinberg, Emmanuelle Devos, Léa Seydoux, Rebecca Marder, Madalina Constantin
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 870

Critique

Arnaud Desplechin ne convainc pas du tout dans ce dernier film, au style artificiel et à l’histoire extrêmement bavarde de deux amants surtout intéressés par eux-mêmes. La faute au roman de Philip Roth dont le film est adapté?

Soyons clairs, la dernière Tromperie du réalisateur français adoré de Cannes est faite à son public. Pour l’intéresser aux déboires amoureux d’un auteur américain et de sa maîtresse anglaise d’un temps, il aurait fallu bien plus. Ou peut-être ne rien faire du tout de cette œuvre de Philip Roth qui en prétextant la fiction semble surtout étaler le parcours de séducteur du romancier. Même les figures de style habituelles de Desplechin échouent à donner une épaisseur aux longs échanges entre ces deux acteurs excellents au demeurant que sont Denis Podalydès et Léa Seydoux. La fragmentation des plans, calquée sur les paroles prononcées, renforce au contraire le côté verbeux du film. Quant aux décors plus théâtraux, dans lesquels les personnages se retrouvent tout à coup transposés, ils sont abandonnés après quelques minutes, laissant songeur quant au rôle qu’on a voulu leur donner.

Car ici, l’œuvre, l’art ne permettent en aucun cas de transcender la réalité. Cet autoportrait, fictif ou non, d’un écrivain coureur de jupons qui se prend trop au sérieux, laisse de marbre - malgré le soin pris à filmer les jambes et le visage de Léa Seydoux, dans de très belles lumières. Cet homme, qui ne cesse de répéter qu’il est à l’écoute des autres, donne l’impression tenace de constamment s’écouter parler. Le summum de cet égotisme s’illustre dans une scène onirique de tribunal où il doit se défendre des accusations de misogynie et de sexisme qui lui sont faites par un parterre de femmes anonymes. Petit hic: rien d’aussi polémique n’avait jusque-là traversé notre esprit, uniquement de l’ennui face aux aventures d’un bourgeois en mal de reconnaissance. La séquence apparaît alors comme une tentative bien vaniteuse de prévenir des attaques purement imaginaires.

Quelques figures féminines plus touchantes parviennent ici et là à s’imposer, de l’épouse délaissée qui questionne la fictivité des récits de son mari à l’amante devenue amie (la toujours merveilleuse Emmanuelle Devos) qui se meurt d’un cancer aux États-Unis. Ce sera la seule situation propice à renvoyer l’auteur à son égoïsme, mais pas assez pour qu’en émerge une critique qui permettrait de relever un peu le niveau du reste.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 9
Sabrina Schwob 9