La Croisade

Présenté hors compétition au Festival de Cannes, ce long métrage est le troisième film réalisé par l’acteur Louis Garrel. Une fable écologique prometteuse, dont la magie ne dure guère.

Les premiers plans du film laissaient pourtant espérer mieux. Cartons de générique et parcours en scooter à travers les rues de Paris, rythmés par la musique entraînante de Grégoire Hetzel, avant une entrée directe dans le vif du sujet et des engueulades familiales: on se joint volontiers à cette caméra malicieuse et vive, tourbillonnant autour de ses acteurs, qui prétend parler de choses sombres avec légèreté. La planète mise à feu et à sang par une société de consommation effrénée inquiète beaucoup le petit Joseph (Joseph Engel) et ses camarades. Décidés à agir, filles et garçons du monde entier vont monter un projet gigantesque pour renverser la vapeur… qui implique notamment de vendre nombre de possessions appartenant à leurs géniteurs.

C’est sur cette découverte que s’ouvre le film, suivi de scènes oscillant toujours entre le comique et le fantastique. Lorsque Joseph est poussé à dévoiler ses activités à ses parents (Louis Garrel et Laetitia Casta), une maquette illuminée au milieu des bois et de la nuit permet de rendre compte du plan élaboré par les enfants d’une façon à la fois féerique et porteuse. Le sérieux qu’ils y mettent, sous les atours d’une imagination débordante, marque d’autant plus l’écart avec les adultes et leurs prêches (dé)raisonnables mais désengagés sur le monde. C’est d’ailleurs une des forces du film de placer l’action, la réflexion du côté de la jeune génération face à des adultes désemparés et impuissants.

Malheureusement, le film bascule en son milieu vers une comédie de mœurs amoureuses - esprit français ou garrellien oblige? Les désirs de changer l’avenir sont remplacés par ceux de reconquérir l’être aimé, ce autant du côté des jeunes que des moins jeunes. Le réalisme des «grands» reprend alors sa place, jusqu’à tourner les dernières scènes en Afrique, plutôt que de prolonger le rêve par des moyens plus poétiques.