La Fièvre de Petrov

Affiche La Fièvre de Petrov
Réalisé par Kirill Serebrennikov
Titre original Petrov's Flu
Pays de production France, Russie
Année 2021
Durée
Musique Aidar Salakhov
Genre Drame, Fantastique
Distributeur Xenix
Acteurs Chulpan Khamatova, Yuriy Borisov, Semyon Serzin, Yuliya Peresild, Yuri Kolokolnikov, Ivan Dorn
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 868

Critique

Adapté d’un roman d’Alexeï Salnikov, le dernier film du dramaturge et cinéaste russe Kirill Serebrennikov, récemment très médiatisé en raison des attaques qu’il subit de la part du gouvernement de Vladimir Poutine, est une plongée abyssale et dérangeante dans les tréfonds de l’âme humaine.

La Fièvre de Petrov est un long métrage extrêmement ardu à résumer, tant son récit fourmillant et onirique mime les méandres parfois incompréhensibles, voire délirants, de l’esprit. Dès les premières secondes du film, on suit Petrov, un homme frappé par une fièvre dévorante et lancé dans une errance sans but. Très vite, les images de son quotidien se mêlent avec celles d’hallucinations provoquées par la fièvre, de rêves, de cauchemars, de fantasmes ou de souvenirs d’enfance filmés à la première personne.

Ces éléments de la subjectivité de Petrov rencontrent les projections mentales d’autres personnages, dont on ne sait pas bien s’ils sont réels ou imaginaires, dans une forme de magma d’images labyrinthique et baroque. Le protagoniste croise ainsi tour à tour un commando armé avec lequel il exécute froidement une série de prisonniers, un homme étrange qui l’emmène en corbillard à travers une nuit très alcoolisée, un écrivain raté qu’il aide à se suicider, son propre fils, fiévreux lui aussi, et surtout son épouse, elle-même coupable de plusieurs meurtres. Le parcours de Petrov est ainsi marqué du sceau de la violence, et se fait la métaphore du chemin qui mène de la vie à la mort - le film est par ailleurs truffé de références mythologiques loin d’être innocentes qui lui donnent l’apparence d’une fable.

Un montage habile et des mouvements de caméra fluides orchestrent avec brio les passages du passé au présent ou de la réalité à l’imaginaire qui rythment les pérégrinations de Petrov. La plongée dans cette subjectivité frappée par la maladie est permise par un trop-plein d’images qui s’enchaînent et se répondent, souvent accompagnées de musique. Avec son récit volontairement impossible à suivre pour le spectateur, La Fièvre de Petrov est un film qui doit s’appréhender de manière sensorielle, en acceptant de se perdre et de ne pas comprendre pour mieux plonger par le cinéma dans les sphères cachées de l’esprit humain - en cela, il rappelle par moments le grand film-rêve La Clepsydre de Wojciech Has (1973), dont il se fait un intéressant écho contemporain.

Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 15
Marvin Ancian 15
Serge Molla 15
Sabrina Schwob 13