On est fait pour s’entendre

Lorsqu'il découvre qu'il perd beaucoup de ses facultés auditives, Antoine peine à l'accepter et le cache alors à son entourage. Les quiproquos s’enchaînent jusqu’à ce qu’Antoine rencontre ses voisines de palier qu’il commence par irriter profondément, une veuve et sa petite fille qui ne parle pas.

On a du plaisir à voir cette comédie à la française pour ce qu’elle contient, mais aussi pour tout ce qui n’y est pas. En effet, et cela n’est plus si fréquent, voici une comédie dont l’écriture et la mise en scène ne servent pas à offrir une tribune à une star de la télé ou du stand-up; un scénario qui ne sombre jamais dans le facile ou le vulgaire; des créateurs sincères qui ne prennent pas les spectateurs pour des ados attardés, pas de clichés, pas de tire-larmes, pas d’hystérie ni d’autosatisfaction. Dans On est fait pour s’entendre, sous sa triple casquette de scénariste, réalisateur et comédien, Pascal Elbé est le type même de l’honnête homme. Son film mérite d’être soutenu ne serait-ce que pour cette raison, et cela malgré le fait qu’il ne révolutionne certes pas de fond en comble la comédie mêlant romance et émotion.

En effet, si l’on considère les scènes et les personnages séparément, rien de fondamentalement nouveau. On pense par exemple à Francis Veber, à Dino Risi, et également à un certain nombre de livres ou de téléfilms. Mais l’ensemble dégage un indéniable charme, servi par des situations bien trouvées, des dialogues parfois hilarants ainsi que des comédiens inspirés. Le duo Pascal Elbé et Sandrine Kiberlain est parfait, François Berléand n’avait plus été aussi juste et drôle depuis longtemps, et les seconds rôles, d’Emmanuelle Devos à la vétérante Marthe Villalonga, sont fort bien choisis. De plus, le film aborde mine de rien, sans les souligner à trop gros traits, les thèmes du deuil, du traumatisme, d’Alzheimer, de la solitude et du manque. L’émotion, présente notamment à la fin du film lors d’une belle scène entre Antoine et la fillette, est toujours mêlée d’humour.

Pascal Elbé a confié s’être inspiré de sa propre expérience, ayant lui aussi découvert qu’il avait avec le temps perdu un peu d’audition, un peu trop pour un homme de son âge. Il ne souhaitait toutefois pas réaliser une description médicale du quotidien d’un malentendant mais au contraire chercher comment cela pouvait amener une personne et ses proches à s’ouvrir au monde. Il a qualifié son film de «comédie de rencontres». Comédie assurément, amusante et délicate. Pas inoubliable mais pleine de jolies qualités.