Ghosts

Affiche Ghosts
Réalisé par Azra Deniz Okyay
Titre original Hayaletler
Pays de production Turquie, Qatar, France
Année 2020
Durée
Genre Drame
Distributeur Sister Distribution
Acteurs Emrah Özdemir
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 866

Critique

Kaléidoscope de destins fracassés dans une Turquie au bord de l’implosion, ce premier long métrage impressionne autant qu’il agace par sa maîtrise formelle. Révélation d’une réalisatrice à suivre!

Istanbul, octobre 2020. Alors que la Turquie est victime de pannes de courant générant chaos et anarchie, trois personnages tentent de survivre dans cette rude société, s’apparentant plus à une jungle urbaine qu’à un état de droit. Dilem (Dilayda Günes), jeune adulte rebelle, n’a nulle part où s’adonner à sa passion de la danse. Iffet (Nalan Kuruçim) tente désespérément de rassembler de l’argent pour son fils harcelé en prison. Rasit (Emrah Ozdemir) sabote des vieilles bâtisses de concert avec des membres de la mairie pour y construire des hôtels alors qu’il extorque de l’argent à des migrants syriens par des loyers abusifs. Ces trois personnages vont se croiser et entrer en collision au cours d’une nuit.

La première réalisation d’Azra Deniz Okyay est prometteuse. Elle y met en scène des personnages oppressés, perdus et bloqués dans une société déshumanisée, baignant dans une ambiance crépusculaire, mêlant réalisme et dystopie. En filigrane, il y a Istanbul, filmée en pleine mutation, qui impressionne par son aspect protéiforme. La réalisatrice, fille d’un urbaniste, excelle dans l’art de filmer cette mégalopole. Dans cette atmosphère quasi apocalyptique, on comprend parfaitement que pour la jeunesse à laquelle appartient Dilem, il n’y a que des fenêtres mentales (notamment la danse, sublimée par un superbe morceau du groupe français Las Aves) qui permettent de s’évader de cette cage urbaine.

Malheureusement, le film n’échappe pas à de nombreux «tics de jeunesse». Si sa réalisation est fraîche, stylée et nerveuse, on ne peut s’empêcher d’y voir un certain maniérisme scolaire pas toujours convaincant. La construction en puzzle non linéaire rappelle celle des premiers films d’Alejandro González Iñárritu (Amours chiennes, 21 grammes, Babel). Bien que maitrisée, elle complique artificiellement le récit. Ce dernier cumule également tous les poncifs du film «à festival» en tentant de traiter poussivement les thèmes du féminisme, de la gentrification et de la migration. Cette volonté de trop faire accouche d’une œuvre où souvent, l’emballage prend l’avantage sur le fond.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 13