Un endroit comme un autre

Affiche Un endroit comme un autre
Réalisé par Uberto Pasolini
Titre original Nowhere Special
Pays de production Grande-Bretagne, Italie, Pologne
Année 2020
Durée
Musique Andrew Simon McAllister
Genre Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs James Norton, Daniel Lamont, Eileen O'Higgins, Valerie O'Connor, Laura Hughes, Stella McCusker
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 864

Critique

Un duo d’acteurs justes et talentueux crée l’émotion dans un film triste mais loin d’être larmoyant. Malgré quelques répétitions, le récit dépeint une belle relation père-fils menacé par une lourde épée de Damoclès.

John (James Norton) souffre d’une maladie incurable. N’ayant pas de famille, il en cherche une nouvelle pour adopter son tout jeune fils, Michael (Daniel Lamont), qui ne connaît rien de la situation de son père. L’idée du film, tirée d’une histoire vraie, vint à Uberto Pasolini alors qu’il lisait un article de presse. Cela peut sembler incroyable, tant le cadre de départ est digne des tire-larmes les plus intenses: on suit un homme de la classe pauvre, vivant dans une ville d’Irlande du Nord où le temps paraît toujours gris. Il a été quitté par sa femme alors que leur fils était bébé et a été lui-même abandonné par ses parents lorsqu’il était enfant.

Difficile de faire plus dramatique et pourtant, point fort de la réalisation, on évite habilement le mélodrame. La problématique que le film aborde - comment expliquer à un enfant juste en âge d’aller à la crèche, qui a déjà de la peine à comprendre pourquoi il n’a pas de maman, que son père va bientôt partir - est pourtant très lourde. Mais au lieu de s’appesantir sur des séquences montrant John à l’hôpital par exemple, Un endroit comme un autre choisit de révéler des petits détails de la vie qu’il partage avec Michael et qui ont pour lui une importance gigantesque. C’est à partir de ces instants que naît l’émotion. Un plan sur les baskets du père et du fils assorties, montrant le pas coordonné de ceux-ci, symbolise un lien fort qui les unit. Quand Michael donne à son père une 35e bougie d’anniversaire, et que ce dernier sait qu’il ne la soufflera jamais, l’inévitabilité du sort du malade et l’omniprésence de la mort restent subtilement soulignées.

Malgré ces bonnes ondes, le long métrage devient malheureusement assez répétitif, les vignettes de la vie quotidienne étant toujours entrecoupées par les visites aux familles proposées par le service d’adoption, réservant peu de surprises. Reste la merveilleuse performance de James Norton qui parvient à créer l’empathie. Son alchimie avec le petit Daniel Lamont (très naturel pour un enfant aussi jeune) happe aussi l’attention du spectateur. Leur relation est très belle; John s’oubliant totalement dans le processus de recherche d’un nouveau cocon pour Michael - le seul qui compte dans sa vie, comme le révèlent plusieurs de ses répliques ou actions (il ne change jamais de vêtements alors que son fils en porte des neufs).

Un autre bémol réside dans le portait des potentielles familles d’accueil. Celles-ci sont toutes très différentes (un couple riche, un autre plus modeste, une femme célibataire, une véritable tribu, etc.), mais leur représentation frise à chaque fois le cliché. De plus, même si John ne réagit pas explicitement aux visites, le spectateur saura rapidement sentir vers qui penchera son choix. Même si Un endroit comme un autre n’est pas le film le plus palpitant de l’année, il aborde un sujet délicat avec subtilité, là où d’autres auraient enfilé leurs gros souliers.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 14