Réalisé par | Joachim Trier |
Titre original | Verdens verste menneske |
Pays de production | Norvège, France, Danemark, Suède, U.S.A. |
Année | 2021 |
Durée | |
Musique | Ola Fløttum |
Genre | Drame, Comédie |
Distributeur | Frenetic |
Acteurs | Anders Danielsen Lie, Hans Olav Brenner, Renate Reinsve, Herbert Nordrum, Maria Grazia Di Meo, Silje Storstein |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 864 |
Dans son film présenté au dernier Festival de Cannes, Joachim Trier révèle aussi bien l’ambivalence affective des personnages que toutes les subtilités des lumières du nord. Et lorsqu’il s’approche des mouvements intérieurs de Julie, pourtant insaisissables, le Norvégien prouve encore une fois l’immense étendue de son talent.
Au début, Julie (Renate Reinsve, lauréate du Prix d’interprétation féminine au dernier Festival de Cannes) est une étudiante qui doute. Elle s’essaie à la médecine, tente la psychologie, pense enfin vouloir devenir photographe; choix difficile quand les possibilités d’un monde moderne et subventionné sont infinies. Puis enfin elle fait la connaissance du dessinateur de BD Aksel (Anders Danielsen Lie), déjà quarantenaire alors que de son côté elle entame la trentaine, sans carrière professionnelle en vue. Celui-ci veut s’engager et convainc Julie d’emménager chez lui. Mais leur amour se consomme jusqu’à l’épuisement.
Un soir, Julie s’échappe d’un vernissage et débarque à l’improviste au milieu d’une fête, chez des inconnus. Elle y fait la connaissance d’Eivind (Herbert Nordrum), le jour serveur dans un café. La nuit sera longue, bavarde surtout, jusqu’à l’aube au milieu d’une rue, où les premiers rayons du soleil laissent toujours leurs empreintes. Alors Julie décide de quitter Aksel pour tout recommencer, laissant derrière elle les soirées entre parents et, encore une fois, ce désagréable sentiment d’enfermement. Les prochaines étapes n’échapperont pourtant pas au dégoût, même si Julie sait que sa vie est courte…
Segmenté en petites parties, Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier saisit avec brio l’amour à notre époque, souvent bercé par un puissant paradoxe: l’insatisfaction la plus féroce découle d’un sentiment de liberté incommensurable, jusqu’à l’angoisse, poussant ici Julie à toujours réinventer sa vie. Jamais le cinéaste norvégien n’enferme son personnage dans un profil psychologie simpliste, lui octroyant toujours la possibilité de dévoiler, jusqu’aux dernières secondes, son envie insatiable de briser les carcans.
La dimension insaisissable de l’héroïne permet également au spectateur de repenser la matière du film, bien au-delà de la projection, tant les embranchements sont multiples, tant les contrastes sont prégnants, tant l’esprit de Julie ne s’arrête jamais d’imaginer la suite. Très loin de n’enchaîner que les causes et les effets, le récit ancre aussi ses personnages dans des blocs temporels qui se suffisent à eux-mêmes. Jusqu’à se matérialiser dans une artificialité totale, au moment de montrer Julie capable d’arrêter - littéralement - le cours de l’histoire, pour aller rejoindre Eivind, entre les passants figés dans la rue. Quand plusieurs années après elle décide finalement de rejoindre Aksel, malade à l’hôpital, le passé n’a plus vraiment d’importance. Seul le sentiment de communier avec l’autre, le temps d’une sieste, refait merveilleusement surface. Ne restent alors que les gestes, capables de repenser le présent.
Après Thelma (2017) qui plongeait dans un univers fantastique grâce à une protagoniste capable de magie, le cinéaste multiprimé revient dans ce cinquième long métrage à ses premières amours, le drame, qu’il tisse à travers des personnages aux pouvoirs tout aussi profonds qu’inattendus.
Adrien Kuenzy
Nom | Notes |
---|---|
Adrien Kuenzy | 18 |
Marvin Ancian | 18 |
Serge Molla | 14 |