Bad Christmas

Un père Noël voleur qui se transforme en babysitter coach de vie pour une soirée : voilà le personnage principal du film d’Amérique Latine qui donne au FIFF un air de fêtes de fin d’année. Bad Christmas va devenir un « good Christmas » et vous coller le sourire aux lèvres.

Etrange de s’enfermer dans un cinéma en plein mois de juillet pour s’imprégner de l’ambiance de Noël : guirlandes, sapin, cadeaux, repas, tout y passe. Mais tout ne se passe pas comme prévu lors de cette soirée chez Alicia et ses parents. Plusieurs concours de circonstances bien trouvés amènent des situations aussi improbables que comiques ; il s’agit là d’un talent fréquemment retrouvé dans les comédies hispanophones. El Bar (2017) et El Futbol y Yo (2017) sont de bons porte-paroles de cette affirmation certes un peu généralisante. La petite Alicia ne parle pas beaucoup, notamment parce qu’elle a peur de son père pour une raison qui sera dévoilée à la fin du film. Mais lorsque un voleur à barbe blanche débarque dans la maison, elle lui ouvre son coeur et lui dévoile sa liste secrète de voeux pour Noël. Nicola (Diego Peretti) revêt un bonnet rouge pour incarner son nouveau rôle et faire passer à l’enfant la plus belle des soirées de fête. Une excellente prestation de l’acteur est à noter !

Les parents ne sortiront pas de la chambre tandis qu’Alicia fera du toboggan dans les escaliers avec un matelas ou montera des oeufs en neige pour préparer un gâteau délicieux. Le montage alterné entre les géniteurs coincés et la petite fille émerveillée renforce le sentiment d’attachement à tous ces personnages qui vivent des situations bien distinctes et pourtant fortement liées. Au niveau du mixage sonore, la piste mélange habilement les clochettes de Noël avec des sons classiques de film d’horreur ou de film à suspense. Ce mélange réussit crée une ambiance bien particulière qui fait ainsi volontiers glisser le film dans la catégorie « comédie noire ».

Un film complet, qui creuse juste assez ses personnages en suggérant leurs conflits internes et leur passé compliqué. Ce qui lui manquerait serait probablement un peu plus de représentativité au niveau du casting, et on pourrait lui reprocher de jouer avec des stéréotypes de genre et de classe en étant à la limite de temps à autre. Le personnage de Gladys en est un exemple parlant, elle qui représente la femme de ménage mal payée et qui même après s’être fait tirer deux balles dans le ventre va quand même tenter de sauver ses employeurs en sautant du balcon. Soit. Mais ce premier essai de long-métrage pour Gastón Portal, qui s’y connaît déjà bien en série avec Las 13 esposas (2014 et 2017) ou encore Babylon (2012), est un réel succès, pour toute la famille. Le film a été récompensé du Prix du Jury du FIFF 2021, et est donc à consommer toute l’année, en période estivale ou noëlesque !