Le Braquage du siècle

Adoptant un ton ouvertement kitsch et décalé, El robo del siglo revient sur le célèbre casse de la Banque de Rio. Six hommes, un plan «parfait» et un butin jamais totalement retrouvé. Et un joli film en prime!

Après George Clooney et Brad Pitt, voici les cambrioleurs gentlemen du cinéma argentin. Inspiré par la marijuana et les rigoles emplies d’eau, Fernando Araujo décide de cambrioler une des banques de Rio. Comment, en effet, utiliser mieux ses talents de penseur et d’artiste? Rassemblant autour de lui une petite équipe d’amis et un voleur professionnel au regard à vous faire chavirer n’importe qui, il conçoit un scénario imparable, mettant à profit les talents de chacun. Mais bien sûr, rien ne se déroule jamais comme prévu…

L’intrigue est bien connue: non seulement le genre nous a habitués à ces reconstitutions, planifications et surprises de dernière minute mais en plus, l’histoire est réelle, retranscrite pour l’écran par le cerveau de la bande, Fernando Araujo lui-même! C’est dire si le suspense ne devrait jouer ici aucun rôle. Pourtant, l’ensemble opère peu à peu, entraînant le spectateur dans la mise en scène drôle et théâtrale imaginée par le groupe. Car tout le monde s’amuse: le réalisateur en multipliant les exagérations visuelles - éclairages rouges et bleus, cadrages qui soulignent l’action de manière plus dramatique que nécessaire - tandis que le compositeur multiplie les clins d’œil musicaux à des œuvres célèbres.

Quant aux acteurs, aux gueules tout à fait inoubliables, ils brillent particulièrement lors du casse, alors qu’il s’agit de jouer à jouer les braqueurs sérieux. Car tout est factice, insolite, y compris pour eux, et dès lors, tout devient possible, comme fêter un anniversaire au milieu de la prise d’otages. Certes, on ne trouvera pas grand-chose d’autre dans le film que l’envie de convier le spectateur à cette farce colorée et peace and love. Mais pourquoi bouder ce plaisir?