Malcolm & Marie

Affiche Malcolm & Marie
Réalisé par Sam Levinson
Titre original Malcolm & Marie
Pays de production U.S.A.
Année 2021
Durée
Musique Labrinth
Genre Drame, Romance
Distributeur Netflix
Acteurs Zendaya, John David Washington
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 851

Critique

Diffusé par Netflix début février, Malcolm & Marie est un huis clos mettant en vedette Zendaya et John David Washington.

Tourné en pleine pandémie, en quelques jours, avec une équipe réduite et seulement deux acteurs, Malcolm & Marie interroge les relations de couple et l’industrie cinématographique actuelle. Réalisé par Sam Levinson, le créateur de la série Euphoria produite par HBO, le film part d’une situation simple: un soir, Malcolm (John David Washington), un jeune réalisateur, rentre avec sa compagne Marie (Zendaya) dans leur luxueuse villa suite à la première d’un de ses films, qui a été un véritable succès. Seule ombre au tableau: il a oublié de remercier Marie dans le discours qu’il a prononcé devant le public, alors que l’histoire de son long métrage est inspirée de la vie de la jeune femme, ancienne toxicomane. Débute alors une virulente dispute, qui amène les deux personnages à plonger dans les recoins les plus sombres de leur relation, à se blesser mutuellement, mais également, par instants, au milieu des reproches, à trouver une forme de tendresse inattendue. Leur discussion est également contaminée par des réflexions sur le cinéma en tant qu’art et que milieu: au fil de cette longue nuit, des comptes rendus du film de Malcolm tombent sur internet, et les deux personnages en viennent à énoncer des réflexions sur des sujets aussi variés que la politisation des œuvres par la critique - Malcolm ne supporte pas que les journalistes confèrent une dimension engagée à son film uniquement sur la base de sa couleur de peau -, la difficulté de réussir dans le milieu ultra-compétitif d’Hollywood, ou encore la sexualisation des femmes dans les produits de l’industrie culturelle - Marie souhaite faire carrière en tant qu’actrice et souffre des regards que l’on jette sur son corps.

Ce sont avant tout deux performances d’acteurs qu’il faut saluer: Zendaya est toujours pleine de justesse, et brille par son interprétation sensible, donnant à voir sur son visage toutes les micro-émotions qui traversent son personnage. Washington hérite quant à lui d’une partition complexe, parsemée de longs monologues qu’il s’approprie habilement avec un jeu très corporel qui sied à merveille à l’arrogance du protagoniste qu’il incarne.

La réalisation en noir et blanc s’efforce d’être au plus proche des protagonistes et de rendre compte de leur inscription dans l’espace moderne de la villa dans laquelle ils se trouvent - en témoigne notamment le beau plan-séquence d’ouverture qui pose les enjeux de la dispute qui s’apprête à commencer: Malcolm danse dans le salon de la demeure, heureux du succès de la soirée, pendant que Marie, renfrognée et statique, lui prépare un plat de mac and cheese.

Reposant principalement sur ses dialogues et sur l’intensité de ses interprètes, Malcolm & Marie se déroule à un rythme irrégulier, au gré des états d’âme de ses deux protagonistes, alternant monologues et vifs échanges. C’est en cela qu’il divisera probablement son public: certains moments d’une grande puissance émotionnelle débouchent sur des dialogues parfois plus ternes, qui peuvent donner l’impression d’un film excessivement verbeux. Nous choisissons pour notre part de saluer les nombreuses qualités de cet exercice de style, qui témoigne de la possibilité de produire des films malgré les restrictions actuelles, en mettant au centre du processus l’écriture et le travail des acteurs, deux composants essentiels du cinéma souvent oubliés au bénéfice d’effets

Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 15