Réalisé par | Claus Drexel |
Titre original | Sous les étoiles de Paris |
Pays de production | FRANCE |
Année | 2020 |
Durée | |
Musique | Valentin Hadjadj |
Genre | Drame |
Distributeur | JMH Distributions SA |
Acteurs | Catherine Frot, Jean-Henri Compère, Mahamadou Yaffa |
Age légal | 10 ans |
Age suggéré | 12 ans |
N° cinéfeuilles | 843 |
Filmer, c’est choisir. C’est faire des choix. Des choix tout le temps, à tous les niveaux. Comment traiter son sujet? Pourquoi cadrer ceci plutôt que cela? Quel décor? Pourquoi raccorder de cette manière? Que justifie la coupe? etc. Si ces réflexions ne sont pas du tout originales, elles ont au moins le mérite de nous prouver qu’un long métrage, c’est peut-être avant tout une conjoncture pesée, réfléchie, loin de s’assimiler à un produit hasardeux. Par conséquent, toute réalisation, en étant le résultat d’intentions bien précises, façonne nécessairement une singularité. Dit autrement, toute réalisation dit quelque chose de son réalisateur. Et moi, ce que me dit Sous les étoiles de Paris m’exaspère, m’insupporte, emporte mon indignation. Et ce, pour une raison très simple: représenter la misère sociale en adoptant une esthétique faussement féerique, typique des films de Noël, me dégoûte. Le récit d’un jeune immigré érythréen de 8 ans, fraîchement débarqué à Paris après avoir été séparé de sa maman, mérite sans doute mieux qu’un portrait cartoonesque, qu’on ponctue de proverbes pontifiants: «On ne peut pas accueillir toute la misère du monde». L’histoire d’une femme errante, qui n’a d’autre choix que de passer ses nuits sous un pont, aurait, elle aussi, mérité un traitement plus sincère et moins édulcoré de sa condition. Comment, par exemple, peut-on filmer un abri si miséreux avec un sens du cadre artificiel, si artificiel qu’il ne dépareillerait pas dans une exposition de cartes postales. Pour bien me faire comprendre: si je compare le film de Claus Drexel à une carte postale, c’est bien en vertu de dénoncer la fausseté contenue dans une image dont l’enjolivement n’a d’égal que la dévitalisation. Mais le pire, dans cette histoire, est ailleurs: la logique de l’embellissement est une logique dangereuse. Car au cinéma, tout fait emblème. Tout fait sens. Tout est en mesure d’infléchir nos représentations, de moduler notre imaginaire collectif. Donc choisir délibérément de rendre candides certains de nos enjeux les plus alarmants fait sens de quelque chose. Cela fait sens d’un désir morbide. Celui de dédramatiser le drame, d’égayer l’invivable. Et pour moi, c’est sidérant. Inacceptable.
Kevin Pereira
Nom | Notes |
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Kevin Pereira | 1 |