Overseas

Ce documentaire se déroulant aux Philippines dans un centre de formation au travail domestique présente une tranche de la vie d’O.F.W. (Overseas Filipino Workers, Travailleuses Philippines Outre-mer), des femmes qui seront déployées à l’étranger pour exercer en tant qu’aides ménagères ou nounous, et explore la question de l’esclavagisme moderne. Ce point de départ très intéressant, car peu souvent abordé, ne tient malheureusement pas totalement ses promesses. En effet, si le fait d’exposer les conditions cauchemardesques dans lesquelles doivent vivre et travailler ces expatriées, par des témoignages et des mises en scènes - où les travailleuses adoptent les rôles d’employées et d’employeurs afin de se préparer aux potentielles situations qui les attendent -, est à la fois éclairant et désolant, on tourne vite un peu en rond. Le documentaire choisit une forme brute, place sa caméra à divers endroits du centre sans vraiment prendre de recul, sans aucun commentaire ou explication off, ce qui lui confère une dimension immersive, comme si le spectateur faisait lui-même partie de ces femmes se formant et attendant leur prochain départ. Celles-ci sont d’ailleurs très fortes et touchantes, se soutenant les unes les autres, ne se laissant pas abattre, arrivant même à se montrer drôles, et surtout prêtes à tout pour leur famille. Pourtant, on échoue à établir une véritable connexion émotionnelle avec elles. La réalisation ne provoque pas l’impact qu’elle aurait pu avoir. On retiendra toutefois deux séquences poignantes, l’une dépeignant le processus de recrutement pour le travail à l’étranger comme un concours de Miss dont la récompense serait une vie de labeur; l’autre illustrant la lueur d’espoir naissant chez les novices lorsque leur formatrice leur apprend qu’elles peuvent faire respecter leurs droits, même auprès de leur employeur. Car nous pouvons résumer le message du film dans ce concept qui semble évident et acquis, évidence démentie par sa réitération nécessaire au long du documentaire: ces travailleuses ne sont pas des animaux, mais des êtres humains, et doivent être traitées comme tels.