Balloon

En disciple émancipé de Kiarostami, le cinéaste tibétain Pema Tseden nous offre un conte poignant sur la féminité et son aliénation sexuelle.   

Dans les années 90, la politique de l’enfant unique bat son plein en Chine. Au cœur de la tranquillité des steppes tibétaines, Drolkar et son mari Dargye s’occupent de leurs brebis tout en élevant leurs trois enfants. En réaction aux diktats des autorités chinoises, la jeune femme s’initie, en secret, à la contraception, pratique malvenue dans cette communauté traditionnelle. Sauf que sa nouvelle grossesse inattendue va la mettre face à un choix cornélien…

La grande force de Balloon réside dans sa puissance révélatrice. C’est-à-dire que cette œuvre, au-delà de jouir de qualités plastiques indéniables, bénéficie surtout d’une écriture brillante qui parvient à toucher du doigt les nombreuses contradictions entre tradition et modernité, émancipation et aliénation. Dès lors, des questions se posent : quelle forme la liberté féminine est-elle susceptible de revêtir sous le poids de la tradition ? où se situe leur libre arbitre dans des sociétés patriarcales, guidées par la volonté masculine et les injonctions gouvernementales ?

Dans ce long-métrage dense et riche en enjeux, on en retiendra surtout un portrait de femme : celui de Drolkar, mère et épouse, prise en étau entre le droit théorique de disposer librement de son corps et son application difficile, sinon impossible.