Yakari, la grande aventure

Voilà que le jeune papoose intrépide, créé en 1969 par les auteurs suisses Derib et Job, a droit pour la première fois à son film. Une tentative qui échoue à faire oublier la bande dessinée d’origine.

De l’album initial de Yakari, Xavier Giacometti reprend l’insistance du petit héros à devenir un brave, et surtout à apprivoiser le fougueux mustang Petit Tonnerre. Pourtant, la ressemblance s’arrête là, le périple de Yakari pour retrouver sa tribu l’entraînant plutôt dans une série d’aventures répétitives, à l’enchaînement parfois morcelé. En effet, le récit repose davantage sur la succession des paysages et des surprises qui s’y cachent que sur un propos construit.

Et pourtant, la bande dessinée d’origine offrait un très joli arc narratif, où l’envie de reconnaissance de Yakari par les siens devait d’abord passer par sa capacité à venir en aide à ceux qui l’entourent – souvent des animaux. Une manière d’apprendre qu’on grandit en devenant brave et non l’inverse. Cette évolution intérieure, qui trouvait ses échos dans la nature alentour, est ici remplacée par un antagoniste peu convaincant, issu d’une tribu ennemie. Notre petit héros n’évolue donc guère au cours de son périple, ce qui rend le retour en vainqueur au camp quelque peu artificiel.

Le plus dommage reste sans doute le changement de traits et d’esthétique générale apporté aux dessins, sans doute dans une tentative de les rendre plus attractifs pour les jeunes spectateurs. En oubliant que le cœur d’une BD se situe là… Si le but est de leur éviter le détour par la BD, ceux-ci n’auront au moins rien à regretter. Pour les autres, ceux qui auraient voulu par nostalgie retrouver Grand Aigle, Arc-en-Ciel, Elan lent et les plaines des Sioux, il n’en reste que la silhouette.