Liyana

Affiche Liyana
Réalisé par Aaron Kopp, Amanda Kopp
Titre original Liyana
Pays de production Swaziland, Qatar, U.S.A.
Année 2017
Durée
Musique Philip Miller
Genre Documentaire, Animation
Distributeur trigon-film
Acteurs Gcina Mhlophe
Age légal 10 ans
N° cinéfeuilles 833

Critique

Passer par le conte pour y déposer souffrances passées et envies d’avenir: Liyana naissait d’une idée porteuse. Celle de faire raconter, par cinq enfants d’une petite communauté au Swaziland, une histoire imaginée par eux. Malheureusement sans leur laisser totalement la parole, documentaire et mise en abyme obligent. Et dérangent.

Le titre du film renvoie directement au récit construit par les enfants, et à l’héroïne du même nom qui traverse de nombreux dangers pour retrouver ses deux petits frères, enlevés par des brigands. Privée de père et de mère, aimée par une grand-mère trop âgée pour un tel périple, elle s’en va en compagnie d’un taureau blanc à travers le désert et les plaines, à la recherche d’une fin heureuse. Et c’est bien là le film que l’on aurait aimé voir, et rien que celui-là. Animé par les dessins tranchés de Shofela Coker, il déborde d’inventivité, de détermination et d’images drôles ou troublantes pour évoquer des points tragiques - l’idée d’un VIH qui mord avant de tuer, les animaux de la savane comme écho aux peurs et violences subies par Liyana - dont on se doute bien qu’ils ont aussi parsemé la vie des jeunes qui les mettent en récit.
On s’en doute, certes, mais toute l’autre partie du film prend soin de l’asséner sans relâche. Car si l’implication des enfants dans un projet créatif qui ne dépend que d’eux constitue un beau processus de réappropriation, il fallait apparemment capter tout ça grâce à une caméra pour lui conférer légitimité et valeur. Mont(r)er en parallèle leur film d’animation et leur vie, histoire de bien insister sur les ressemblances, les drames communs. Et comme si ça ne suffisait pas, des sous-titres nous rappellent les faits: 200’000 orphelins au Swaziland, 25% d’adultes touchés par le VIH, comme Liyana, «ils ont souffert», comme Liyana, «ils ont connu des choses qu’aucun enfant ne devrait connaître».

Sauf qu’en mettant à leur tour en scène le quotidien de ces enfants, les réalisateurs Aaron et Amanda Kopp leur retirent le rôle de créateurs pour les réenfermer dans celui d’acteurs, de visages touchants qui œuvrent dans le potager, jouent dans la poussière et contemplent avec dignité le lointain comme espace d’affirmation de soi. Un message, rappelé encore et encore à coups de ralentis écœurants et de musiques éthérées, que le Liyana des enfants contenait tout entier, et de façon bien plus puissante. Les Kopp ont oublié que la fiction sait être plus révélatrice que le documentaire. «Je veux que les gens se souviennent de nous, créant nos propres mots», affirme l’un des jeunes narrateurs. Et c’est bien pour eux, et pour eux seuls, que nous nous souviendrons du film.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 10