Giant

Le premier plan annonce un documentaire caméra à l’épaule, tandis que le second amène le spectateur dans les airs, pour une balade à pas de géant dans un paysage nordique psychédélique. Voilà la double esthétique qui traverse cette coproduction suédoise et danoise, dont l’histoire se résume à un seul mot: aliénation. Aliénation mentale d’une part, car Rikard n’a pas une vie facile. Autiste depuis sa naissance, il est très souvent perturbé par le monde qui l’entoure, même au sein de son club de pétanque alors qu’il est un excellent joueur. Aliénation sociale d’autre part, car Rikard est né avec une importante déformation physique sur le visage, ce qui lui vaut refus, interdictions et violences physiques de la part des gens qui l’entourent. Bien que la vie du jeune homme soit compliquée, le réalisateur Johannes Nyholm ne cède pas au misérabilisme et désire au contraire montrer la force de caractère du joueur de boules passionné, sa résilience et son courage. Cette volonté louable ne s’incarne malheureusement pas dans le scénario. Ce dernier manque de rythme, certaines ellipses empêchent la compréhension, tandis que la fin laisse particulièrement songeur. Le choix de la vision subjective, à la place des yeux de Rikard, apporte pertinemment le point de vue du garçon, mais on oscille sans assez de clarté à mon goût entre la séquence onirique et le fantastique. Bien qu’il mette en scène une histoire originale et touchante, ce film n’émeut pas tant que cela, voire même provoque certaines frustrations négatives. L’ombre du géant continuer de planer sur les collines nordiques, et l’on quitte le héros déformé avec un sentiment d’étrangeté et d’inachevé.