Jessie

Affiche Jessie
Réalisé par Mike Flanagan
Titre original Gerald's Game
Pays de production U.S.A.
Année 2017
Durée
Musique The Newton Brothers
Genre Drame, Thriller
Distributeur Netflix
Acteurs Henry Thomas, Carla Gugino, Bruce Greenwood, Carel Struycken, Chiara Aurelia, Kate Siegel
Age légal 16 ans
N° cinéfeuilles 834
Bande annonce (Allociné)

Critique

Avant d’adapter (librement) à l’écran The Haunting Of Hill House de Shirley Jackson et Doctor Sleep de Stephen King, Mike Flanagan mettait déjà en images pour Netflix le roman Jessie de ce même auteur. Et avec quel brio! Poignant, angoissant, puissant, ce film prouve une nouvelle fois que le réalisateur est une valeur sûre et un acteur passionnant du cinéma de genre à suivre absolument.

Jessie et son mari Gerald s’apprêtent à passer un week-end dans leur résidence secondaire. Afin d’épicer un peu leur vie sexuelle tombée à plat, Monsieur décide de menotter Madame aux poteaux du lit, mais la réalisation de ce fantasme n’a pas l’effet escompté. Une dispute s’ensuit et Gerald est victime d’une crise cardiaque qui l’achève sur le coup. Jessie, toujours menottée, est ainsi livrée à elle-même dans un lieu isolé, alors que la porte de la maison est restée ouverte…
Le concept est simple mais ô combien efficace. Sans effusion de gore ni jumpscares* futiles, le film réussit à nous effrayer en recourant à une angoisse profonde: être laissé seul et sans ressource, handicapé, à la merci du danger. Les mouvements de Jessie étant extrêmement restreints, des gestes qui peuvent paraître anodins, comme boire un verre d’eau, prennent ici une tournure épique et recèlent une tension digne de tout bon thriller. A contrario du corps, l’esprit n’étant pas bridé a alors tout loisir d’imaginer (mais est-ce bien le cas?) de potentielles menaces… Car Jessie n’est pas seulement enfermée dans une pièce, mais aussi dans sa tête. Mike Flanagan met en scène de manière judicieuse la psyché perturbée de l’héroïne au travers d’apparitions de son défunt mari et d’elle-même, incarnations apparemment produites par son esprit rationnel pour tenter de l’aider à s’en sortir. Ce procédé a une double fonction, celle de ne pas ennuyer le spectateur avec des monologues et celle de le faire douter: ce que voit Jessie est-il finalement réel? Cette dernière idée est propice à des scènes proprement glaçantes, que l’on soit satisfait de la réponse à la question donnée par le film ou non.

Comme si nos nerfs n’étaient pas déjà mis à rude épreuve, l’histoire acquiert une couche émouvante supplémentaire en abordant un traumatisme du passé de Jessie, qui n’a cessé de la hanter et que l’isolation et la perte de repères font remonter à la surface plus que jamais. Cet événement qu’elle a tenté d’enterrer au plus profond d’elle depuis tant d’années se révèle finalement être les menottes les plus perverses. Ce huis clos oppressant gagne ainsi en profondeur et nous fait encore sympathiser davantage avec la protagoniste, interprétée avec justesse et talent par Carla Gugino. Car si le titre original, Gerald’s Game, insiste sur la cause qui a amené Jessie dans cette situation difficile et, par analogie, sur son statut de victime soumise, le titre français met en lumière son personnage éponyme et son parcours de femme blessée mais généreuse à une héroïne forte et s’assumant pleinement, dans un final puissant. Et c’est bien, malgré son caractère horrifique très réussi, le sujet principal du film.

* moment  effrayant ne reposant que sur l'effet de surprise, p.ex. l'apparition soudaine d'un personnage dans le cadre.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 16