Thiel le Rouge - Un agent si discret

Thiel le Rouge - Un agent si discret, le dernier documentaire de la maison de production lausannoise Louise Productions, s’intéresse à la trajectoire méconnue d’un sympathisant communiste devenu agent pour le compte des soviétiques…

Dans son film, la réalisatrice Danielle Jaeggi mène une enquête sur la figure de Reynold Thiel, un ami de son père décédé dans un crash d’avion en 1963. En fouillant dans de nombreux dossiers consacrés à celui qu’elle surnommait Noldi dans son enfance, elle découvre que l’homme a été un fidèle partisan du communisme pendant les années 1930, s’est battu contre le fascisme pendant la guerre d’Espagne puis pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de devenir un agent au service de l’URSS, en étant notamment à la tête d’une société écran destinée à faciliter la transmission vers l’Est d’informations et de marchandises. Le long métrage s’efforce de dresser un portrait de cet individu mystérieux, discret et insaisissable, surveillé pendant toute sa vie par la police et le gouvernement suisses, farouchement anticommunistes.

Au niveau formel, Thiel le Rouge est un documentaire relativement classique, proposant une alternance entre des images d’archives fixes ou animées, des gros plans sur les documents textuels consultés par la cinéaste et des témoignages face caméra d’historiens, d’un journaliste du Temps ayant enquêté sur Reynold Thiel, ou encore de personnes ayant connu et fréquenté ce dernier. Le film est articulé autour de la voix over de la réalisatrice, qui offre un témoignage touchant en parlant de son rapport personnel à cet idéaliste, avec lequel son père passait de longues heures à discuter dans son bureau, alors qu’elle n’était qu’une petite fille. Au-delà de sa rigueur historique, il se dégage ainsi du film une forme de mélancolie, issue de cette volonté de lever le rideau sur un pan oublié d’une histoire personnelle.