O Fim do Mundo

Figurant notamment dans la sélection 2019 du Locarno Film Festival, le dernier long métrage du réalisateur suisse d’origine portugaise Basil Da Cunha plonge son spectateur dans le quotidien parfois violent, parfois plein de poésie d’un bidonville lisboète.

Spira (Michael Spencer), un jeune homme qui vient de sortir de plusieurs années de détention en maison de redressement, est de retour à Reboleira, le bidonville de Lisbonne dans lequel il a grandi. Alors que la municipalité fait démolir l’un après l’autre les logements précaires de ce quartier, Spira retrouve ses amis, avec lesquels il erre dans les rues, de larcin en deal, de moments de deuil en instants de pure complicité. Il tombe également amoureux de Iara (Iara Cardoso), une fille du quartier dont l’habitation est en passe d’être détruite.

Le réalisateur propose une immersion totale dans cet univers tout particulier, en s’appuyant sur des comédiens non professionnels réellement issus de Reboleira pour camper les différents personnages, qu’il s’agisse de rôles principaux ou secondaires. En résulte un brouillage total des frontières entre réalité et fiction, entre acteurs et personnages: le film est à la fois un récit social construit et maîtrisé, et un documentaire sur une génération sans cesse confrontée à la pauvreté et à la violence, affrontant l’une après l’autre des journées suffocantes et des nuits rendues orangées par les incendies ou les réverbères vacillants.

Basil Da Cunha met au service de ce long métrage hybride une caméra très mobile qui se refuse à cadrer des plans d’ensemble. Nous sommes toujours au plus près des personnages, comme pour filmer le quartier à hauteur humaine, mais également peut-être pour symboliser l’impossibilité pour ces jeunes de prendre leur envol en quittant ce lieu, souhait qu’ils formulent à plusieurs reprises.