La Vérité

Affiche La Vérité
Réalisé par Hirokazu Kore-eda
Titre original La Vérité
Pays de production France, Japon
Année 2019
Durée
Musique Alexeï Aïgui
Genre Drame
Distributeur Le Pacte
Acteurs Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke, Ludivine Sagnier, Alain Libolt, Manon Clavel
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 825
Bande annonce (Allociné)

Critique

Réalisateur japonais, Hirokazu Kore-eda a quitté son pays pour tourner La Vérité avec des comédiennes françaises.  Pour autant, il ne quitte pas son thème favori, la famille, dont il montre les relations perturbées par le métier d’acteur.

Pour la première fois, Kore-eda tourne un film à l’étranger. «C’est Juliette Binoche qui a provoqué la première étincelle», explique-t-il, Juliette Binoche qui lui avait exprimé son envie de travailler avec lui. A Paris, il a rencontré Catherine Deneuve et réécrit, en parlant avec les deux vedettes, une pièce de théâtre qu’il avait commencée bien plus tôt. Ces conversations ont alimenté l’un de ses sujets: «Ce qu’est le jeu des acteurs».

Accompagnée de son mari (Ethan Hawke) et de leur fille (Clémentine Grenier), Lumir (Juliette Binoche) vient passer quelques jours chez sa mère Fabienne (Catherine Deneuve). Celle-ci publie sa biographie et sa fille compte en lire les épreuves puisque ce texte la concerne aussi. Mais à son arrivée, elle trouve le livre publié et ce sera la première occasion de querelle entre les deux femmes. Les autres s’enchaîneront, car les incompréhensions et les frustrations n’ont jamais cessé de s’accumuler entre elles.
La famille sacrifiée de l’actrice s’affronte à la famille choyée de sa fille. Une troisième famille se précise dans le film que Fabienne est en train de tourner. On reconnaît là le thème cher à Kore-eda qui ne l’a peut-être jamais traité de façon plus bouleversante que dans Nobody Knows (2003).

Dans La Vérité et le jeu complexe de relations qu’il expose, la famille passe presqu’au second plan, derrière le mal-être de Fabienne, actrice égocentrique et vieillissante qui, ayant consacré sa vie au cinéma, sent défaillir son physique et sa mémoire. Comme une mise en abyme, la voici dans un rôle qui ressemble terriblement au sien, par la relation qu’elle a avec sa fille, avec sa mère, et aussi par son âge qu’elle peine à accepter.

L’autre mal-être est celui de Lumir et, avec elle, se précise le sujet de la famille. Lumir, qui se considère comme une enfant mal aimée, est bourrée de griefs pétrifiés contre sa mère et n’est guère disposée à lui pardonner. C’est avec elle aussi que se justifie le titre du film, La Vérité, car c’est elle surtout qui va se confronter à la façon dont la mémoire peut transformer les souvenirs.

Tout ceci est écrit avec habileté, transposé dans un décor automnal symbolique de la dernière belle saison de la vie. Il y manque cependant le souffle qui habitait les films précédents. La délicatesse, la finesse d’observation sont fidèles à Kore-eda, mais beaucoup moins l’art de donner au fait divers la valeur d’un enseignement universel. Quelque chose se serait-il perdu entre Tokyo et Paris?

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Christophe Pithon 12
Sabrina Schwob 11