Réalisé par | Jean-Michel Bertrand |
Titre original | Marche avec les loups |
Pays de production | France |
Année | 2018 |
Durée | |
Musique | Armand Amar |
Genre | Documentaire |
Distributeur | JMH Distributions SA |
Age légal | 6 ans |
Age suggéré | 10 ans |
N° cinéfeuilles | 826 |
Après La Vallée des loups (2016), le réalisateur Jean-Michel Bertrand décide de retourner sur leur trace dans Marche avec les loups. Un beau spectacle, qui verse malheureusement dans le reportage animalier.
Bertrand souhaite suivre ceux qui, n’étant plus des louveteaux, sont chassés par la meute et doivent dès lors parvenir à intégrer une autre meute ou s’accaparer un nouveau fief. Pour les traquer, ce Robinson Crusoé au pays des loups dispose de différents moyens technologiques, dont des caméras automatiques. Aussi solitaire et étranger que ces bêtes, le réalisateur, par son cheminement, semble se questionner sur ses propres choix de vie, ainsi que sur son rapport aux hommes. Car ce périple se présente avant tout comme un conte moral(isateur) et didactique, relaté par une voix-over, sur la méchanceté et la bêtise humaine - l’homme étant prêt à accuser le loup de ses propres crimes envers certaines espèces animales -, en même temps qu’un hommage à la nature. Et l’on se laisse charmer par cette dernière et le spectacle plein de grâce qu’elle offre.
Sauf que l’image séduit en superficie, et en superficie seulement. Marche avec les loups pèche principalement par la difficulté rencontrée par le spectateur de croire en ce qui nous est montré - critère essentiel selon le critique André Bazin. Si l’on croit au début que les ellipses n’évincent pas les différentes étapes d’une journée mais juste leur longueur, on se rend compte que des éléments sont volontairement laissés hors champ pour renforcer l’image d’un réalisateur solitaire, dormant seulement à l’intérieur de grotte, cabane ou en plein air, sans contact humain et sans quitter la vie sauvage pendant une longue période. La chronologie, elle aussi, est artificiellement construite, comme le révèlent des détails dans l’image, notamment les dates présentes sur certains enregistrements.
Sans compter que la musique emphatique et omniprésente tente vainement d’accentuer la valeur héroïque du parcours en solo de Bertrand, effectivement placé dans des situations extrêmes. Car au final, le scénario se répète et l’exploit devient banal. Mais le déséquilibre entre l’aspect documentaire et fictionnel de l’œuvre se cristallise surtout dans l’utilisation maladroite de la voix-over. Cette dernière théâtralise l’image par la traduction artificielle des réactions intérieures et immédiates du réalisateur, ponctuant ainsi l’œuvre de commentaires tels que «ouf, incroyable!», «mmmmh c’est top!» Cela n’enlève rien à la qualité du reportage ainsi qu’à la beauté de l’émerveillement de Jean-Michel Bertrand qui fait de la nature son infini.
Sabrina Schwob
Nom | Notes |
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Sabrina Schwob | 11 |