Platform

Affiche Platform
Réalisé par Jia Zhang-ke
Pays de production Chine
Année 2000
Durée
Musique Yoshihiro Hanno
Genre Drame
Distributeur Ad Vitam
Acteurs Wang Hong wei, Zhao Tao, Liang Jing dong, Tian Yi Yang, Bo Wang
N° cinéfeuilles 426
Bande annonce (Allociné)

Critique

"En 1979, la Chine respire encore dans l'héritage de Mao Tse-dong, mort depuis trois ans. La vie est difficile, la discipline sévère et les infractions aux règlements entraînent très vite la peine de mort. Les seules échappées dans ce régime de fer sont la création artistique. Mais peut-on créer dans une dictature?

Le réalisateur Jia Zhang-ke ne pose pas la question. Il montre ce qu'est une troupe de théâtre dans la Chine qui survit au Grand Timonier et comment elle continue à tourner pendant dix ans. C'est au cours de ce laps de temps que les choses changent, et la troupe de théâtre avec elles, passant de la pièce de propagande au concert de rock. Les artistes entraînés dans l'aventure connaissent leur propre façon de comprendre la vie et leur propre évolution. Pour eux aussi, pour eux surtout, la vie prend petit à petit une autre couleur.

""Platform (Le quai de gare) était un tube en Chine, pendant les années quatre-vingts, c'est une chanson sur l'attente"", explique le réalisateur. ""Je l'ai choisie comme titre de mon film pour faire allusion à l'espoir du quotidien. Un quai peut aussi bien être un lieu de départ que d'arrivée. Nous sommes en fait toujours dans l'attente, à la recherche de quelque chose, en route pour quelque part. Le récit de PLATFORM suit l'évolution de différents personnages dans un monde en perpétuel mouvement. De la naissance à la mort en passant par l'âge et la maladie, la vie doit être vécue, inéluctablement. Ce film se veut un témoignage sur les êtres humains, leur force intérieure et leur pouvoir caché.""

Il y a quelque chose de beau dans ce très long métrage, une âpreté, une lenteur, un regard particulier en font une oeuvre poétique attachante. Pourtant, son manque de clarté noie le spectateur dans un récit qui semble ne pas devoir s'achever. Certes, le temps passe, évoqué par des changements tels que la privatisation de la troupe, le remplacement du vieux tracteur par un camion pour les déplacements, le vêtement traditionnel abandonné au profit d'une mode nouvelle. Pourtant il est difficile de ressentir profondément la cause et l'effet de ces changements. En dépit d'eux, tout paraît immobile, fixé pour toujours. Il y a sans doute un défaut de patience dans l'oeil du spectateur occidental, abîmé par les productions trop agitées de l'industrie cinématographique. L'âme, elle, reste en suspens, à mi-parcours entre la lassitude et le besoin d'empathie."

Geneviève Praplan