Roma

Affiche Roma
Réalisé par Alfonso Cuarón
Titre original Roma
Pays de production Mexique, U.S.A.
Année 2018
Durée
Genre Drame
Distributeur Bellevaux
Acteurs Yalitza Aparicio, Marina de Tavira, Nancy García, Verónica García (II), Daniela Demesa, Fernando Grediaga
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 808
Bande annonce (Allociné)

Critique

Enfin sorti sur nos écrans lausannois, au cinéma Bellevaux, Roma a fait couler beaucoup d’encre, non seulement par le tournant potentiel qu’il marque dans le rapport qu’entretient Netflix aux salles de cinéma, mais aussi pour sa qualité esthétique, ce que de nombreux prix et distinctions ont ratifié.

A travers le parcours d’une des domestiques d’une famille de trois enfants, Cleo, que l’actrice Yalitza Aparicio (nominée aux Oscars) interprète avec retenue et finesse, ce sont différentes dimensions de la société mexicaine qui nous sont révélées. Le récit se focalise d’abord sur les tâches ménagères qui se répètent indéfiniment, comme le soulignent les nombreux panoramiques circulaires qui rendent compte de ce sempiternel recommencement, tout en donnant l’impression, filmant les choses à distance, d’une forte segmentation de l’espace intérieur. Dans ce microcosme, les relations entre les employées et les maîtres de maison semblent dans un premier temps respecter la hiérarchie; seuls les enfants n’en tiennent pas compte et partagent des moments plus précieux avec celles-ci, plutôt qu’en famille où c’est la télévision qui rassemble. Progressivement, en même temps que plusieurs événements viennent bouleverser le quotidien de la famille, les relations vont se redéfinir, signalant que par la souffrance réciproque, les barrières sociales peuvent s’estomper: l’espace va s’ouvrir, la caméra s’introduira dans la rue, parvenant à saisir l’effervescence, l’animation sur les trottoirs, autour des cinémas, dans les restaurants, où la présence de bouteilles de Coca-Cola dans le plan exprime l’influence des modes de consommation à l’américaine. Cette volonté de restituer une ambiance, une époque, se ressent dans l’attachement accordé aux détails, aux différents objets qui emplissent la maison: cela contribue indéniablement au charme de cette œuvre, tout comme l’image - avec un noir et blanc qui soigne les effets de lumière et une grande profondeur de champ - et les décors symétriques témoignent d’une affection profonde pour ce Mexique révolu et ses protagonistes. Mais cela n’empêche que l’ouverture du champ de vision implique le surgissement de la violence: d’abord présente dans le discours, celle-ci se fait toujours plus menaçante et diffuse. Si certaines scènes sont en elles-mêmes peu vraisemblables, elles participent, de par leur symbolisme, à émettre un point de vue sur le rapport entre l’individu et l’état. Sans vouloir divulguer des éléments de l’intrigue, on sera particulièrement attentif à cette séquence où des manifestants se font attaquer par une armée paramilitaire. Les conséquences de cette brutalité signalent que dans une société comme celle-ci, l’on ne peut qu’enfanter des bébés mort-nés, autrement dit des individus condamnés d’avance.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 16
Antoine Rochat 18
Georges Blanc 17