Becoming Animal

Affiche Becoming Animal
Réalisé par Peter Mettler, Emma Davie
Pays de production Documentaire
Année 2018
Durée
Musique Jacques Kieffer
Genre Suisse, Royaume-Uni
Distributeur Outside the Box
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 809

Critique

La réalisatrice américaine Emma Davie (I Am Breathing, 2013) et le cinéaste helvético-canadien Peter Mettler (The End Of Time, 2012), accompagnés du philosophe étasunien David Abram, sont les auteurs de Becoming Animal, un documentaire pour le moins original.

Le grand voyageur Peter Mettler a souvent planté sa caméra dans la nature, cherchant à adopter - ici en tous cas - le point de vue des animaux, en faisant fi des règles habituelles.

Becoming Animal oblige donc le spectateur à changer de perspective, à revoir son habitude de souhaiter être au centre des références, et à se laisser séduire cette fois-ci par les images de l’écran et ses propres associations d’idées. Le film opte pour une certaine lenteur, s’appuyant sur de longs et magnifiques plans d’ensemble volontiers statiques, tentant d’expliciter quelques idées déjà exprimées par le philosophe David Abram dans son livre (Becoming Animal: An Earthly Cosmology, 2010), à savoir - par exemple - que notre langage, accompagné des subtilités technologiques d’aujourd’hui, a modifié la perception que nous avons de notre entourage. Avec, à l’évidence, le désir d’attribuer aux animaux, à la nature vivante, à toute forme de vie végétale aussi, une «âme» pas très différente de celle du genre humain: «Quand je touche un arbre, c’est lui qui me touche», dit David Abram, pour tenter de préciser sa pensée. Une philosophie qui mise en quelque sorte sur l’inversion de notre appareil perceptif.

 On suit avec curiosité et surprise la démarche des auteurs du film qui posent évidemment beaucoup plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. La procédure filmique met en place un système de relations fragiles, subjectives, étonnantes parfois aussi.

Retrouver l’animal en nous ? N’allons pas jusque-là. Mais tout au long de l’exploration qu’Emma Davie et Peter Mettler mènent au sein du Parc national de Grand Teton (USA) il y a des instants privilégiés, le spectateur adhérant à la démarche et accompagnant les réalisateurs dans cette recherche du «contact avec la terre vivante».

Au-delà de cette thématique complexe, le documentaire séduit par la très grande qualité de ses images et de la bande sonore: cris d’animaux étranges et harmonieux, bruits des vents dans les feuillages, musique des cours d’eau, la nature devient sensible et vivante. Une nature qui vit surtout la nuit, nous rappelle le philosophe, au moment où l’homme dort… L’argumentation fournie et les considérations philosophiques qui accompagnent le film peuvent, c’est évident, paraître subjectives.

Tentative cherchant à tester l’esprit des animaux, celui de la terre et celui des êtres humains, Becoming Animal, coréalisation réussie, conserve une bonne part de mystère. Tentant de s’aventurer dans les espaces mitoyens que se partagent l’homme et la nature, le film subjugue et déroute à la fois.


Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14